L’armée américaine transfère Babylone aux irakiens

Avec Babylone, ce n’est pas seulement une province que les irakiens récupèrent. C’est aussi un morceau de leur identité. De l’identité collective même, puisque l’ancienne Mésopotamie, avec ses ruines datant de 4500 à 2500 avant Jésus-Christ est considérée comme l’un des berceaux de l’humanité.

La cérémonie de transfert, tenue ce matin dans la ville de Hilla, à 120 km au sud de Bagdad ne signifie pourtant pas un retour à la sérénité. Car la province reste le théâtre d’affrontements. Mardi, quinze personnes ont ainsi été tuées dans des combats entre des insurgés et des hommes armés de tribus locales.

Triangle de la mort

Pourtant, la situation s’est améliorée en un an. En 2006 et 2007, la province a connu des heures plus noires encore. Déchirée entre les armées américaines et irakiennes; les insurgés sunnites proches dans la mouvance d’al-qaïda au nord, dans le “triangle de la mort”; et les milices armées chiites dans le reste de la province. En mars 2007, deux kamikazes s’étaient fait sauter dans la ville d’Hilla tuant d’un coup 117 pélerins chiites. Américains et Polonais ont occupé les sites archéologiques, notamment les anciens jardins suspendus, l’une de sept merveilles du monde antique. Le British museum de Londres les avaient d’ailleurs accusé d’y avoir d’importants dégâts.

Avec Babylone, les irakiens auront en tout cas remis la main sur la gestion de 12 de leurs 18 provinces. Mais la situation en Irak reste très contrastée selon les provinces. Certaines sont très calmes, comme Wassit qui, selon le conseiller national à la sécurité, Mouaffak al-Roubaïe, va passer sous contrôle irakien, “dans les prochains jours”. D’autres en revanche sont toujours plongées dans la guerre civile, à commencer par la capitale, Bagdad, qui a encore vécu un attentat ce matin. Des terroristes ont tenté de tuer le ministre du travail irakien. Il est sain et sauf, mais 11 personnes ont été tuées.

Grégoire Lecalot, avec agence