L'Irak à quelques jours d'un scrutin crucial
Trente-trois morts et cinquante-cinq blessés. C'est le bilan du triple attentat qui a endeuillé l'Irak hier. Un kamikaze s'est fait sauter dans une voiture piégée près d'un poste de police de Baqouba, à 60 km au nord de Bagdad. Et encore les policiers ont-ils désamorcé deux autres véhicules piégés.
Une attaque qui porte la marque d'Al-Qaïda. L'organisation terroriste avait prévenu il y a quelques semaines : elle fera tout pour faire échouer les élections législatives de dimanche. Un autre groupe, Ansar al-Sunna, a juré la même chose.
Mais les menaces des terroristes et les attentats spectaculaires ne peuvent pas cacher un fait : la campagne a été plus calme que certains ne le redoutaient. Vu de France, bien-sûr, le fait qu'une candidate ait été tuée est effarant. Mais comparé à la terreur d'il y a quatre ans, où les partis avaient refusé de dévoiler les noms portés sur les listes électorales tant les risques étaient grands, il est possible de parler d'accalmie.
SCRUTIN DECISIF
Quelque 19 millions d'électeurs sont appelés aux urnes dimanche, pour choisir 325 députés. Selon l'ONU, les résultats préliminaires ne seront connus que le 18 mars et les résultats définitifs à la fin du mois. “Il ne s'agit ici ni plus ni moins que de fixer l'avenir de l'Irak”, estime l'anthropologue irakien Hosham Dawood, basé à Paris.
A la veille du départ des dernières troupes américaines, prévu pour cet été, le scrutin est en effet un test décisif pour cette jeune démocratie, qui peine encore à fonctionner, engluée dans la corruption et dont l'administration demeure peu compétente.
LA SECURITE AVANT TOUT
La participation sera d'ailleurs au moins autant scrutée que les résultats eux-même. Les électeurs, fatigués de la violence, pourraient bien tourner la page du vote identitaire chiite-sunnite-kurde au bénéfice de candidats dont ils attendent d'abord la sécurité et un quotidien moins difficile.
Les sunnites représentent un peu plus de 23% de la population, et les chiites, un peu plus de 58%. Mais ces derniers sont divisés. Malgré leur position minoritaire, les sunnites voient des avantages à entrer au Parlement, pour y construire une opposition politique aux partis chiites.
Reste que le poste de Premier ministre échoira à ces derniers.
Six prétendants, tous chiites, sont sur les rangs, dont l'actuel titulaire du poste, Nouri al-Maliki, 60 ans, qui est très isolé. Face à lui, l'ancien Premier ministre, Iyad Allaoui, le vice-président Adel Abdel Mahdi, ainsi que les ministres de l'Intérieur et des Finances, et le très controversé mathématicien Ahmed Chalabi, qui a passé presque toute sa vie à l'étranger.
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