Cet article date de plus de treize ans.

L'Egypte retient son souffle en attendant les manifestations

Les organisateurs du "mouvement du 6 avril", qui pilotent la contestation en Egypte depuis internet, ont appelé à manifester aujourd'hui, vendredi, jour de prière. Les autorités sont sur le pied de guerre, tandis que le président Hosni Moubarak, cible des protestataires, reste cloîtré dans le silence. L'opposant le plus en vue, Mohamed El Baradei, est revenu dans son pays pour manifester. Les Frères musulmans participeront aussi. En attendant, il est de plus en plus difficile de communiquer avec l'Égypte ou les liaisons satellitaires et internet ne fonctionnent plus depuis cette nuit...
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Radio France &copy REUTERS / Amr Dalsh)

Pour la troisième journée, l'Egypte a connu des manifestations contre son président, Hosni Moubarak, 82 ans, au pouvoir depuis 30 ans. Des violences les ont émaillées et elles ont fait un septième décès, lors d'affrontements entre les forces de l'ordre et des manifestants bédouins armés, dans le nord du Sinaï. Une roquette antichar a été tirée sur la police sans faire de victime.
_ Des échauffourées ont aussi eu lieu à Suez, où une caserne de pompiers a été incendiée, et à Ismaïliya. Au Caire, les forces de l'ordre quadrillaient le centre ville, et la situation est resté calme.

Conséquences d'un autre genre, la bourse du Caire a chuté et les matchs du championnat égyptien de football prévus vendredi et samedi ont été reportés.

OFFRE DE SERVICE DE MOHAMED EL BARADEI

Il est à craindre que le bilan s'aggrave aujourd'hui pour le “vendredi de la colère”, décrété sur internet par SMS par le “mouvement du 6 avril”, de jeunes militants pro-démocratie inspirés par l'exemple tunisien. Ils appellent à manifester après les prières hebdomadaires.

L'opposant égyptien le plus en vue, Mohamed El Baradei, l'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique, prix Nobel 2005 avec l'agence, est rentré dans son pays, dans l'intention de participer aux manifestations, sans préciser où il se trouverait.

Il appelle Hosni Moubarak à céder le pouvoir et se propose de prendre la direction d'une transition politique devant déboucher sur des élections libres. “Je suis ici avec l'espoir de continuer à travailler pour un changement ordonné et pacifique”, déclare-t-il. Il a demandé “l'arrêt de la violence, des détentions et de la torture”. Et il prévient : “c'est un moment critique dans l'histoire de l'Egypte (...) La volonté de changement doit être respectée”

Les frères musulmans dans la rue

Mohamed El Baradei ne dispose pas d'un parti reconnu, mais a formé un mouvement, l'Association nationale pour le changement, qui plaide pour des réformes démocratiques et sociales. Il est la plus connue des personnalités d'opposition à soutenir publiquement le mouvement de protestation.

Il ne sera pas le seul représentant de l'opposition dans les rues ce vendredi. Les Frères musulmans, première force d'opposition, ont annoncé sur leur site internet leur participation à la journée. La confrérie demande la “dissolution” du parlement, des amendements à la Constitution en ce qui concerne en premier lieu l'élection présidentielle à venir, et la libération des personnes détenues à la suite des manifestations et des prisonniers de conscience.

Face à cette tension, la communauté internationale ne sait plus trop sur quel pied danser. Barack Obama affirme que la violence n'était “pas une solution aux problèmes en Egypte”. La Maison Blanche rappelle que Hosni Moubarak est un “partenaire important”, et appelle manifestants et le gouvernement à la retenue. L'Union européenne, de son côté, avait demandé au Caire d'écouter les demandes du peuple et Paris a appelé au respect de la liberté d'expression. Des appels qui ne semblent pas devoir être entendus. Le pouvoir égyptien a au contraire durci le ton, en annonçant des “mesures décisives” contre les manifestants.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.