L'armée syrienne prend position près de la frontière turque

Pour la première fois depuis qu'ils ont pris position derrière leur frontière, les soldats turcs ont mis leurs casques lourds. L'armée syrienne semble en effet faire mouvement le long de cette frontière. De nombreux réfugiés du nord du pays cherchent à s'y abriter de la répression qui sévit en Syrie.

Quel qu'en soit la raison, Ankara n'apprécie pas ces mouvements de l'armée syrienne. Le ministre turc des Affaires étrangères s'en est ouvert à son homologue syrien, et l'ambassadeur de Damas a été convoqué dans la foulée pour consultation.
_ La Turquie est en train d'opérer une volte-face diplomatique, critiquant de plus en plus le président Bachar al-Assad, alors qu'elle l'avait beaucoup soutenu dans ses efforts de rapprochement avec Israël et les Etats-Unis, avant le soulèvement. Bachar al-Assad avait aussi ouvert le marché syrien aux produits turcs.

Cette nervosité croissante tient également au fait que de puis quelques jours, des centaines de réfugiés syriens arrivent paniqués en Turquie. L'armée aurait pris d'assaut la ville de Managh, à 15 km au sud de la frontière. Des blindés ouvriraient le feu au hasard sur les passants. Plus proche encore, le village de Khirbat al Djoz aurait été détruit à coups de bulldozers. Et des soldats de Damas se sont approchés à quelques centaines de mètres de la Turquie.

Depuis que l'armée syrienne a intensifié ses opérations dans le nord du pays, plus de 10.000 Syriens se sont réfugiés en Turquie. L'armée se livre à la répression des manifestations qui ont fait suite aux attaques contre les agglomérations de la région de Djisr al Choghour, dans la province d'Idlib, à l'ouest d'Alep. Selon des associations de droits de l'Homme, 130 civils auraient été tués et 2.000 auraient été arrêtés depuis le début de cette offensive. 1.300 personnes auraient été tuées depuis la mi-mars, et le risque de guerre civile est de plus en plus grand en Syrie.