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Résolution de l'ONU contre la colonisation israélienne : "Une vengeance d'Obama"

Le Conseil de Sécurité de l'ONU a adopté vendredi soir une résolution demandant l'arrêt de la colonisation israélienne. Analyse de cette décision avec Pascal Boniface, le directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques.

Article rédigé par franceinfo, Hajera Mohammad
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le Conseil de sécurité des Nations unies, à New York (Etats-Unis), le 21 décembre 2016. (DREW ANGERER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Une résolution réclamant l'arrêt de la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens occupés a été adoptée, vendredi 23 décembre, par le Conseil de sécurité de l'ONU. Israël a immédiatement rejeté ce vote et prévenu que le pays ne l'appliquera pas. C'est un véritable camouflet pour le gouvernement de Benjamin Netanyahou. Les Etats-Unis, qui d'ordinaire opposent leur veto à ce genre de résolution, ce sont cette fois-ci abstenus. Analyse de ce revirement avec Pascal Boniface, le directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Il répond à franceinfo.

franceinfo : Comment expliquez-vous cette abstention des Etats-Unis ?

Pascal Boniface : C'est un peu une vengeance d'Obama  qui veut faire un coup d'éclat alors qu'il va quitter le pouvoir. Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, l'a humilié plusieurs fois en appelant à voter pour Mitt Romney [son adversaire républicain] pendant la campagne [présidentielle] américaine en 2012. Donc Barack Obama a décidé cette fois-ci de ne pas mettre son veto et d'envoyer un message personnel à Netanyahou et peut-être prendre acte pour l'avenir puisque maintenant qu'il ne sera plus président, il va être plus libre de ses paroles et peut-être va-t-il plus s'investir sur ce dossier ?

Barack Obama va quitter la Maison Blanche le 20 janvier 2017. Quelles conséquences cette résolution peut-elle avoir ?

Elle restera. C'est une base légale. Alors bien sûr, ça ne va rien changer sur le terrain. On ne va pas obliger Israël à la respecter. Mais dans la longue bataille politique et diplomatique, c'est un point. Même si lorsque que Donald Trump [président élu] va arriver à la Maison Blanche, il ne va pas tenir compte de cette résolution, celle-ci existera quand même. Les partisans de ceux qui veulent faire pression sur Israël, notamment les partisans du boycott, vont être renforcés par cette résolution.

La Jordanie salue une décision historique. Quelles conséquences peut-on attendre après cette résolution, pour les pays voisins?

L'Égypte devait porter cette résolution et ensuite elle a cédé aux pressions indirectes de Donald Trump. Les pays arabes sont très divisés, notamment la Jordanie et l'Égypte qui ont un accord de paix avec Israël mais qui ont des opinions publiques hostiles à Israël, qui estiment que le processus de paix n'avance pas et que le sort des Palestiniens est foulé au pied.

Cette résolution peut-elle avoir un impact sur le processus de paix bloqué depuis 2014 ?

Hélas non. On peut même dire que ce processus n'existe plus. Il est évoqué mais il n'existe pas dans la réalité et les Israéliens vont certainement faire le gros dos. Ils se disent qu'il suffit d'attendre quelques jours et le 20 janvier, Donald Trump sera à la Maison Blanche et ils en auront fini avec ce type de problème parce que le Conseil de sécurité de l'ONU sera de nouveau bloqué sur Israël. Ensuite, c'est un peu une bataille mondiale de l'opinion qui va commencer et qui se joue sur un plan différent.

Et qu'en est-il de la Conférence de paix prévue à Paris le 15 janvier ?
Israël a déjà opposé une fin de non-recevoir à cette conférence et bien sûr c'est là que le bât blesse. Israël dit qu'il faut négocier bilatéralement avec les Palestiniens mais il n'y a pas de négociation bilatérale et dès qu'il y a une proposition internationale qu'elle vienne du Conseil de Sécurité ou de la France, Israël proteste en disant que c'est une ingérence inadmissible.
"C'est une vengeance d'Obama, qui veut faire un coup d'éclat avant de partir"

 

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