: Reportage "Une campagne de démantèlement" : au Proche-Orient, l'UNRWA victime d'attaques de plus en plus violentes
Le siège de l’UNRWA situé à Jérusalem-Est ferme ses portes de façon provisoire "jusqu’à ce que la sécurité soit rétablie". Décision prise jeudi 9 mai par le directeur de l’agence onusienne, après deux incendies provoqués dans la soirée près de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens située dans le quartier de Sheikh Jarrah. Depuis le 7 octobre, les intimidations se multiplient mais cette semaine la violence est montée d’un cran.
C’était il y a deux jours. Sur son téléphone, Jonathan Fowler, directeur de la communication, nous montre ces images : une foule hargneuse devant le siège de l’UNRWA où il travaille. "Le bruit qu'on entend ce sont les pierres qui arrivent sur le toit de notre poste de garde," commente Jonathan Fowler. Les manifestants déchaînés s’étaient donné rendez-vous devant le grand portail bleu qui protège l’agence. Derrière, les projectiles sont encore là : "Là, on a des cailloux qui font une bonne dizaine de centimètres de large, qui doivent peser un kilo. Les gens ont lancé des pierres, ont cassé la porte d'entrée pour les piétons, on nous a lancé des bâtons, décrit Jonathan Fowler. C'était beaucoup de jeunes, mais parmi les manifestants il y avait aussi des hommes armés, des civils portant des mitraillettes. Ça, c'est quelque chose qu'on n'avait pas vraiment vu avant. On s'est demandé ce qui pourrait arriver la prochaine fois."
"Des destructions de nos infrastructures"
Une démonstration de force qui a eu lieu sous les yeux de la police, et initiée par le maire adjoint de Jérusalem-Ouest, Aryeh King, élu d’extrême droite, dénonce l’UNRWA. Cela fait quelques mois que ces manifestants, des colons, viennent intimider le personnel en jetant de la peinture, en hurlant des slogans : "A bas l’Unrwa", "Dégagez", mais là, il y a une vraie montée en puissance : "On voit ça un peu comme des manifestations d'une campagne plus large de démantèlement de l'UNRWA. Cette campagne contre nous, on la voit dans la bande de Gaza, on la voit en Cisjordanie. On a des problèmes avec des destructions de nos infrastructures..."
"Un autre problème que nous rencontrons, ajoute Jonathan Fowler, c'est que nos collègues qui viennent de Cisjordanie, qui n'ont pas la carte d'identité de Jérusalem, ne peuvent pas venir. Donc, depuis le mois d'octobre, on fonctionne dans une situation un peu comme pendant le Covid. Les gens travaillent de chez eux, ils ne peuvent pas venir. C'est sûr que c'est très compliqué de fonctionner correctement. Il ne faut pas oublier que notre travail principal c'est quand même d'apporter de l'aide aux réfugiés palestiniens."
Malgré cette campagne de harcèlement, d’intimidation, Jonathan Fowler et ses collègues ne baisseront pas les bras. "On ne lâche rien. On a un mandat de l'Assemblée générale des Nations unies, rappelle Jonathan Fowler. Nous sommes là et nous ne partons pas, c'est clair et net."
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