Reportage "Nous sommes tous des frères" : à Ris-Orangis, l'amitié entre juifs et musulmans se veut plus forte que le conflit entre le Hamas et Israël

A Ris-Orangis dans l'Essonne, les communautés juive et musulmane vivent ensemble depuis des décennies quelles que soient les tensions au Proche-Orient. La rue Jean Moulin abrite une synagogue, une mosquée et une église.
Article rédigé par Benjamin Illy - Edité par Audrey Abraham
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Sada, fidèle de la mosquée et le rabbin Michel Serfaty (Benjamin Illy / RADIOFRANCE)

La guerre entre le Hamas et Israël n'aura pas raison de l'amitié inter-religions entretenue depuis plus de trente ans à Ris-Orangis dans l'Essonne. Pour la quinzième année consécutive, des journées "portes ouvertes" sont organisées ce week-end à la mosquée et à la synagogue de la rue Jean Moulin. 

Des juifs accueillis à la mosquée, des musulmans accueillis à la synagogue : l'AJMF (Amitié judéo-musulmane de France) cultive avec détermination la vieille amitié entre communautés religieuses. "Nous sommes tous des frères et des sœurs, sourit Sada 72 ans, fidèle de la mosquée. Ce n'est pas compliqué ! Ça arrive qu'on ait des disputes, comme à la maison, c'est normal ! Alors il faut s'arranger, on est obligés de parler." Rue Jean Moulin, Sada l'assure, les communautés arrivent à se parler et à s'arranger "depuis plus de 30 ans."

L'Amitié judéo-musulmane de France (Benjamin Illy / RADIOFRANCE)

Alors qu'il termine la prière, l'imam Mouloud El Ouasia est pressé : il doit apporter les légumes au rabbin en vue du grand repas partagé entre juifs et musulmans ce dimanche. Une cinquantaine de personnes sont attendues. "On s'entend bien avec nos voisins, il n'y a pas de problème. On a l'amitié, nous demandons la paix dans le monde entier. Bien sûr que c'est possible, insiste l'imam. Nous voudrions que dans toute la France, dans toutes les villes, musulmans, juifs et chrétiens fassent des rencontres eux aussi."

"Quand la crise éclate, on garde notre sérénité"

Dans les locaux de l'Amitié judéo-musulmane, le rabbin Michel Serfarty s'attelle à l'épluchage des légumes. Il a besoin de bras en vue du banquet qui s'annonce, alors il demande un coup de main aux jeunes qui l'entourent : "Ils sont tous musulmans." Les murs sont recouverts de messages de paix et de fraternité. Les locaux sont dans le même bâtiment que la mosquée et à deux pas de la synagogue.

"Nous vivons cette amitié jour après jour, explique le rabbin . Quand la crise éclate, on se regarde, on se dit 'on garde notre sérénité, les pieds sur terre, on n'efface pas ce qu'on a bâti'." Juifs et musulmans de la rue Jean Moulin ont voyagé ensemble en Israël, en Pologne, à Auschwitz, à Oradour-sur-Glane. Ils sont présents à toutes les commémorations de la Seconde Guerre mondiale : "Entre le temps long du vivre ensemble et le petit temps court de la crise, il n'y a aucun doute que le petit temps court ne peut pas l'emporter. Et nous avons tous conscience de la chance d'avoir au-dessus de nous la laïcité qui nous protège et qui favorise cette réalité."

Les locaux de l'AJMF (Benjamin Illy / RADIOFRANCE)

Quand l'attaque terroriste du Hamas a éclaté le 7 octobre puis qu'Israël a répliqué dans la bande de Gaza, les deux communautés sont restées soudées, assure Michel Serfaty : "Nous avons prié pour que les innocents, victimes collatérales, ne soient pas touchés. On ne peut que regretter, nous sommes pour la paix. On observe les enfants palestiniens mourir, comme nous avons vu les enfants israéliens mourir, mais nous pleurons les enfants quels qu’ils soient. Et nous prions pour que les deux familles se retrouvent, à l'image de ce que nous faisons ce week-end : le partage d'un repas est une source de bénédiction." Au menu : "le couscous du rabbin". 

Reportage à Ris-Orangis de Benjamin Illy

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