Reconnaissance d’un État palestinien : "Il faut créer un élan", plaide l'historien Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël en France
"Il faut créer un élan. Et l'un des moyens de le créer, c'est la reconnaissance de cet État" palestinien, a plaidé mercredi sur franceinfo Elie Barnavi, historien et écrivain, ambassadeur d'Israël en France de 2000 à 2002, alors que l'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont officiellement reconnu mardi l'État de Palestine dans le but de faire avancer la paix au Proche-Orient. De son côté, Emmanuel Macron estime que la reconnaissance d'un État de Palestine doit se faire à un "moment utile", pas sous le coup de "l'émotion". "Le moment propice, cela se crée", juge Elie Barnavi. "Ce n'est pas quelque chose qui vous tombe dessus comme un cadeau du ciel."
"Si on veut renforcer l'Autorité palestinienne, l'un des moyens de le faire c'est de la reconnaître en tant qu'État", assure l'historien. Il souligne "la dimension symbolique" de cette reconnaissance. "Le symbole, ce serait donner à cette autorité une espèce de légitimité qu'elle n'a pas encore. Ce serait la renforcer face au Hamas aussi." Elie Barnavi fustige le gouvernement d'Israël quand il dit, "c'est un prix au terrorisme". "Ils disent n'importe quoi et ils le savent. La dernière chose dont le Hamas a envie, c'est d'un État palestinien aux côtés de l'État d'Israël. Ce que le Hamas veut, c'est un État palestinien à la place de l'État d'Israël. Donc tout ce qui est bon pour renforcer l'Autorité palestinienne, il faut le faire."
Du côté de l'Autorité palestinienne, ils "sont très demandeurs", affirme Elie Barnavi. "Ils essaient de s'insérer dans toutes les institutions internationales et ils ont raison." Selon lui, "reconnaître un État palestinien, c'est une question de principe. Ce n'est pas un principe qui dépendra de l'accord du gouvernement de Jérusalem". "Si nous avions attendu que les Arabes acceptent la création de l'État d'Israël, nous attendrions toujours", estime l'ancien ambassadeur.
"Les gens comprennent qu'il n'y a pas d'autre solution"
Elie Barnavi, auteur début mai d’une tribune publiée dans Le Monde, appelant à la reconnaissance de l’État de Palestine, rappelle qu'il a "essayé d'en convaincre la cellule diplomatique de l'Elysée". "Je fais vraiment ce que je peux." Mais il ne comprend pas "que l'on dise à la fois oui, ce n'est pas tabou", et que l'on va "attendre des temps meilleurs. Ces temps meilleurs, ils ne viendront que si on les crée". Si la France le faisait, "ça serait un poids énorme", affirme l'ancien ambassadeur d'Israël en France. "Ce serait un argument de poids pour l'Autorité palestinienne et aussi une pierre dans le jardin du gouvernement le plus absurde, le plus extrémiste que nous ayons jamais eu à la tête de l'Etat d'Israël."
"Avec l'horreur du 7-Octobre et tout ce qui s'est passé depuis, c'est maintenant que les gens, enfin ceux qui ont des yeux pour voir, comprennent qu'il n'y a pas d'autre solution", ajoute Elie Barnavi. "C'est ou ça ou la perpétuation de cette tuerie insensée et la descente en enfer."
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