"Que le monde m’entende et regarde ces enfants qui meurent autour de moi" : l'appel d'une mère de famille de Gaza réfugiée à la frontière égyptienne
Comme elle, ils sont aujourd'hui près de deux millions de civils désormais réfugiés dans le sud de la bande de Gaza. S'ils ont fui les bombardements et les combats entre des membres du Hamas et l'armée israélienne, beaucoup d’entre eux s’entassent depuis des jours à l’extrême sud de l’enclave, autour de Rafah, à la frontière égyptienne. Il s'agit du seul endroit où de l'aide humanitaire est encore distribuée, mais en quantité limitée. La situation s'y détériore rapidement.
Depuis 48 heures, personne n’arrivait ainsi à joindre Tayma. Finalement, elle répond au téléphone de son cousin, un Egyptien de Gaza, réfugié depuis quelques jours au Caire. "J’espère que vous allez bien. Je ne capte pas toujours", glisse-t-elle, pour s'excuser de ce silence radio.
Le réseau téléphonique dans la zone est défaillant, il y a peu d’eau, la nourriture manque, et Tayma s’inquiète pour sa petite fille d’un an, Maka. "Je me couche en pleurant et je me lève en pleurant. Voir ton enfant grandir dans de telles conditions, c’est tellement dur", confie la maman, qui a quitté sa maison de Beit Ahlia, au Nord de Gaza. Avec sa fille, elles ont d'abord été déplacées à l’hôpital indonésien, pas loin de chez elles, puis ont dû prendre la route du sud quand les combats se sont intensifiés.
"Il y a beaucoup de malades"
Elles survivent désormais dans une école de Rafah, tout près de la frontière égyptienne. "Nous n’avons pas à manger. Les gens sont malades. Il y a beaucoup de malades. Beaucoup d’enfants souffrent de diarrhées. Ils ont aussi des maladies de peau, des boutons... Et il n’y a pas de médicaments pour les soigner", décrit Tayma. Au cours de cette conversation, qui a duré un peu plus de quatre minutes, désespérée, elle conclut l’échange par une prière : "Que le monde m’entende et regarde tous ces enfants qui meurent autour de moi."
Israël a imposé depuis le 9 octobre un siège total à la bande de Gaza, qui provoque de graves pénuries d'eau, de nourriture, de médicaments et d'électricité. Le carburant, nécessaire au fonctionnement des générateurs dans les hôpitaux et aux équipements de dessalinisation de l'eau, manque aussi. Selon l'ONU, 1,9 million de personnes, soit environ de 85% la population, ont été déplacées par la guerre dans la bande de Gaza où plus de la moitié des habitations sont détruites ou endommagées.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.