Un film sur la situation des Gazaouis face aux bombardements israéliens projeté à l'Assemblée par le député LFI Aymeric Caron
Au lendemain d'une séance marquée par des tensions dans l'hémicycle autour de la situation dans la bande de Gaza, un film sur le quotidien des Gazaouis sous les bombardements israéliens a été diffusé à l'Assemblée nationale, mercredi 29 mai, à l'initiative du député apparenté LFI Aymeric Caron.
Seule une quinzaine de députés ont assisté à la projection, la plupart venant de la gauche, quelques-uns de la majorité, et deux du RN. Aymeric Caron s'est dit "choqué" par ce petit nombre de parlementaires, dénonçant "une démarche politique qui consiste pour beaucoup de députés à boycotter" son film.
Baptisé Gaza depuis le 7 octobre, ce film de 1h30 agrège sept mois d'images de la guerre dans la bande de Gaza, et mêle des scènes de morts très crues à d'autres dépeignant les pénuries de nourriture ou les très grandes difficultés d'accès aux soins. Certaines vidéos sont difficilement soutenables, notamment d'innombrables images d'enfants, parfois des nourrissons, tués, grièvement mutilés ou en souffrance après des bombardements. La mort est montrée sans floutage. "Notre subjectivité doit s'exprimer de manière minimale", revendique Aymeric Caron, ancien journaliste.
La plupart des images ont été récupérées via les réseaux sociaux, venant de "journalistes, photographes, réalisateurs, soignants et habitants de Gaza", puis vérifiées par lui et son équipe, explique le parlementaire, assurant qu'il n'y a "aucune image du Hamas". D'autres proviennent de médias internationaux, d'institutions ou même d'autorités israéliennes.
"Voir une souffrance" pour "aller au-delà des chiffres"
Après la projection, les députés ont quitté la salle en silence ou en commentant à bas bruit ce qu'ils ont vu. "Le but est atteint, on a envie que ça s'arrête. Les événements sont insoutenables. Les attaques du 7 octobre étaient une abomination, mais il faut arrêter de punir une population entière", a estimé Mireille Clapot, apparentée Renaissance. "Ça m'a éclairé. Voir une souffrance permet d'aller au-delà des chiffres", a commenté le socialiste Jérôme Guedj, évoquant un "travail respectable".
Pour Aymeric Caron, ce film n'a pas vocation à répondre à celui compilé par les autorités israéliennes sur le massacre commis par le Hamas le 7 octobre, qui avait été diffusé le 14 novembre devant une centaine de députés. Interrogé sur l'absence de voix israéliennes pacifiques, Aymeric Caron reconnaît qu'il y en a "d'importantes" en Israël, mais assume vouloir montrer celles qui sont "dominantes" et ont mené, selon lui, "à ce qu'on observe aujourd'hui à Gaza".
Certains élus ont revendiqué leur absence à la projection, à l'image de Mathieu Lefèvre, du groupe Renaissance. Le président du groupe d'amitié France-Israël a notamment dénoncé une "concurrence victimaire" et l'omission du terme "terroriste" pour décrire le mouvement islamiste dans le mail d'invitation d'Aymeric Caron.
D'autres ont expliqué passer leur tour en raison de leur sensibilité et de la violence des images, y compris dans la famille politique d'Aymeric Caron : "Je pense que c'est un film à voir. Moi, à titre personnel, j'ai trois enfants, je supporte mal de voir des images d'horreur", confiait le député LFI Alexis Corbière sur BFMTV avant la projection.
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