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Israël : pourquoi la victoire de Nétanyahou éloigne les perspectives de paix

Après la victoire de Benyamin Nétanyahou aux élections législatives israéliennes, l'éventualité de la création d'un Etat palestinien n’a jamais été aussi lointaine.

Article rédigé par franceinfo - Valentin Graff
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Publié Mis à jour
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Le Premier ministre sortant, Benyamin Nétanyahou, salue la foule après sa victoire aux élections législatives, le 17 mars 2015, à Tel-Aviv (Israël). (JACK GUEZ / AFP)

Il aura fallu un spectaculaire basculement droitier de Benyamin Nétanyahou en cette fin de campagne électorale pour assurer la victoire à son parti, le Likoud, aux législatives israéliennes, mardi 17 mars. Ayant exclu, lundi, la création d’un Etat palestinien tant qu’il serait Premier ministre, il s’est finalement largement imposé, avec 30 sièges à la Knesset contre 24 pour la coalition de centre-gauche. Une surprise, alors qu’il était crédité par les derniers sondages de quatre sièges de moins que son principal opposant, le travailliste Isaac Herzog.

Cette victoire semble donc enterrer tout espoir de paix israélo-palestinienne pour les quatre années de mandat de la nouvelle Knesset, sauf en cas d'élections anticipées. Francetv info vous explique pourquoi.

Parce que Nétanyahou n’en veut pas

C'est désormais une évidence, Benyamin Nétanyahou fera tout pour empêcher l'émergence d'un Etat palestinien tant qu'il dirigera Israël. Il l'a affirmé clairement dans la dernière ligne droite de la campagne, lundi 16 mars. Il le faisait sentir, moins directement, depuis le tout début de ses fonctions gouvernementales.

Arrivé au pouvoir en 1996 pour son premier mandat de Premier ministre, il était déjà particulièrement défavorable aux accords d’Oslo de 1993. Il s’était même vanté plus tard, en 2001, de les avoir fait échouer, comme le rapportait le Washington Post (en anglais) à l’époque. "J’ai dit que j’allais les respecter [ces accords] mais… je vais les interpréter de telle façon que je pourrai mettre un terme à l’emballement pour les frontières de 1967."

Au début de son second mandat, en 2009, il avait accepté le principe d’un "Etat palestinien démilitarisé au côté d'Israël", à l’occasion de son discours de politique étrangère à l'université de Bar Ilan. Mais cette concession de façade était rendue stérile par la poursuite de la colonisation et par des conditions inacceptables pour l’Autorité palestinienne : la reconnaissance d’Israël comme Etat du peuple juif, l’abandon du droit au retour des réfugiés et le renoncement à Jérusalem.

Parce que la société israélienne ne semble pas prête

Les Israéliens sont partagés. Ils veulent la paix, ou au moins des négociations qui pourraient y mener : selon le Peace index (en anglais), ils étaient 71% à souhaiter des pourparlers en février 2015. Mais ils n’y croient pas vraiment : 65% des sondés du Peace index ne pensent pas que des négociations mèneraient à la paix dans un avenir proche. La majorité relative que les électeurs viennent d'accorder au Likoud montre que la sécurité, pour ce petit pays entouré d'Etats considérés comme hostiles, reste une priorité.

C'est pourquoi les partis politiques israéliens, dans leur majorité, sont frileux sur les discussions avec les Palestiniens. Seuls la liste commune arabe israélienne (14 députés) et le parti de gauche Meretz (4 députés), parmi les formations au score notable, militent à la fois pour une solution à deux Etats et le respect des droits des Palestiniens.

La position des leaders de l'Union sioniste (centre-gauche), Isaac Herzog et Tzipi Livni, relativement modérée par rapport à celle de Nétanyahou, restait ferme face aux exigences palestiniennes que sont le retour aux frontières de 1967 et la partition de Jérusalem comme capitale des deux pays. Ils se distinguaient peu du Likoud concernant les thèmes de la "démilitarisation de l’Etat palestinien"du "maintien des grands blocs de colonisation sous autorité israélienne" et du "statut de Jérusalem comme capitale éternelle du peuple juif".

Parce que les Palestiniens n'ont pas confiance

Echaudés par les six années de gouvernement Nétanyahou, les responsables palestiniens seront de toute façon très méfiants à l'avenir. Réservés lors du discours de Bar Ilan, ils sont tout de même restés à la table des négociations jusqu'au gel du processus en 2010, lorsque le gouvernement a annoncé la construction de 1 600 logements dans une colonie de Jérusalem-est alors que le vice-président américain, Joe Biden, était en visite officielle en Israël.

Depuis, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s'est engagé dans une stratégie de reconnaissance de fait d'un Etat palestinien. Il a obtenu son admission à l'Unesco, le statut d'Etat observateur à l'Assemblée générale des Nations unies et a même adhéré à la Cour pénale internationale afin de pouvoir poursuivre l'Etat hébreu pour ses violations du droit international. En bref, le climat n'est pas propice à une discussion apaisée.

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