Commémorations du 7-Octobre : "On est pour la paix et, malheureusement, il y a des fanatiques", regrette le père d'une victime franco-israélienne

Le père d'une victime du 7-Octobre et le président du consistoire israélite de Bordeaux étaient invités de France Bleu Gironde, lundi.
Article rédigé par franceinfo
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Un visiteur à la Bibliothèque Nationale d'Israël devant le mur de photos des victimes des attaques du 7 octobre. (AHMAD GHARABLI / AFP)

"On est pour la paix et malheureusement il y a des fanatiques", regrette Michel Tordjman, le père d'Avidan Tordjman, un Franco-Israélien tué à 26 ans le 7 octobre lors des attaques terroristes du Hamas en Israël. Il participait à un festival de musique techno en plein air. Son père témoignait sur France Bleu Gironde, lundi 7 octobre.

Michel Tordjman, ancien médecin de Bordeaux, a perdu l’un de ses sept enfants. Avidan travaillait comme bénévole au festival de musique Nova. Il a été "assassiné avec son ami sous la petite scène. Les deux étaient cachés, chacun a reçu une balle dans la tête", relate le père.

"Il avait envoyé un message d'adieu"

Michel Tordjman réside depuis 1997 en Israël, près d’Ashkelon, à 10 km au nord de la bande de Gaza. Quelques minutes avant sa mort, Avidan avait appelé l’un de ses frères qui était de passage ce jour-là chez leurs parents. "Il avait envoyé un message d’adieu. La communication a été coupée, il a dit je t’aime. On a été à la morgue, on a dû identifier le corps", se souvient son père. Depuis le 7 octobre 2023, Michel Tordjman, sa compagne et ses six autres enfants tentent de se reconstruire. 

"Il y a des jours où on n’a pas envie de sortir lit, mais on sort du lit quand même. Nous avons essayé pendant cette année de surmonter ce gros chagrin, je pense qu’il n’y a pas plus dur que de perdre un enfant."

Michel Tordjman

à France Bleu Gironde

Au moment où il a été joint par France Bleu Gironde, il se trouvait avec sa famille dans un abri. "On a eu les attaques iraniennes de missiles, décrit-il. On était au cimetière pour les douze mois du décès de notre fils et on entend encore les bombardements et tout ce qui se passe."

Pour autant, Michel Tordjman dit ne pas vouloir faire de politique : "Moi, je suis pour cohabiter, je suis formateur de médecins, nous avons des médecins arabes dans notre service de médecine de famille, on est pour la paix et malheureusement il y a des fanatiques." Il conclut : "On ne cherche pas à tuer nos voisins. Nous, on cherche à faire grandir nos enfants et nos petits enfants", des sanglots dans la voix.

"Qu'est-ce que je laisse à mes enfants ?"

Pour Francis Barokel, président du consistoire israélite de Bordeaux, "ce n’est pas un événement qui va marquer que quelques jours ou quelques années, c'est un événement qu'on aura encore dans 100 ans, dans 200 ans, dans 300 ans. Aujourd'hui encore, on commémore l'inquisition. Donc effectivement, cet événement-là sera commémoré dans quelques centaines d'années, parce que c'est un événement qui a marqué le peuple juif dans sa totalité", dit-il sur France Bleu Gironde.

S'il pense que sa communauté "n'a pas peur", il reconnaît être "stressé". "Quand je vais à la synagogue, devoir enfiler un gilet pare-balles, ça fait réfléchir... Aller à la synagogue et voir les militaires devant la porte, ça fait réfléchir."

Il poursuit : "Mais au-delà de ça, quand je passe devant une église et que je vois des militaires en France, ça m'interpelle. Quand je passe devant des mosquées avec des militaires devant, ça me choque." Il se dit "que dans un pays comme la France, ne pas pouvoir prier, ne pas pouvoir réfléchir ensemble, ça me choque, ça m'angoisse, ça me stresse. Et je me demande : qu'est-ce que je laisse à mes enfants ?"

Francis Barokel "tient à dire qu'en tant que juif et en tant que solidaire d'Israël, nécessairement, on est malheureux de ce qui se passe à Gaza et de ce qui se passe au Liban". Il conclut : "Il ne faut pas croire que la population qui est à Gaza et à Beyrouth, on s’en moque. On y réfléchit, ils ont les mêmes souffrances, ils ont les mêmes craintes, ils ont les mêmes angoisses et on se dit que ça pourrait être tellement mieux autrement, tellement mieux."

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