"C'est un contenu pour discréditer les autorités israéliennes" : de faux reportages diffusés sur les réseaux sociaux reprennent les codes des fact-checkeurs

Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, la désinformation est massive sur les réseaux sociaux.
Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Vidéo diffusée sur les réseaux sociaux reprenant la charte graphique numérique du "Figaro" et montrant des images attribuées abusivement aux "Observateurs" de France 24. (CAPTURE D'ECRAN)

Alors que le contexte international est particulièrement tendu avec la guerre Israël-Hamas, la désinformation est massivement présente sur les réseaux sociaux. Ces dernières semaines, de nombreuses fausses images ont circulé mais depuis quelques jours, on voit apparaître une nouvelle forme de désinformation avec des vidéos qui reprennent les codes des fact-checkeurs, mais truffés d'intox.

C'est le média France 24 qui alerte en premier après avoir découvert ces derniers jours une vidéo d'un peu plus d'une minute qui reprend les codes de médias français. On voit par exemple le logo du journal Le Figaro. Le service de fact-checking de France 24, Les Observateurs, est également cité. D'après cette vidéo, les journalistes auraient démontré qu'Israël a publié de fausses photos pour prouver les crimes du Hamas. Sauf que France 24 n'a jamais publié cette enquête, explique à franceinfo Aude Dejaifve, journaliste aux Observateurs : "Quand on a vu le reportage, on s'est dit 'non, on n'a jamais rien publié de la sorte', on a tout de suite vu que c'était faux."

De faux reportages pour discréditer les autorités israéliennes

"Même les extraits où on voit notre rédacteur en chef sont de vieux extraits parce qu'il est plus vieux aujourd'hui, poursuit Aude Dejaifve. Donc on a vu tout de suite que c'étaient des vidéos qui datent d'il y a quelque temps. C'est un contenu qui nous visait et qui voulait discréditer les autorités israéliennes en utilisant une pseudo-enquête qu'on aurait faite. Et tout cela, c'est complètement faux". Ce n'est pas la première fois que des articles ou des vidéos sont pastichés pour faire croire qu'ils sont vrais mais la nouveauté, notamment depuis la guerre en Ukraine, c'est que ces faux reportages reprennent les codes de vérification de l'information.

Qui est à l'origine de ces intox et de ces vidéos ? On ne le sait pas précisément, mais il peut par exemple s'agir d'ingérences étrangères. Dans le cas de la fausse vidéo qui usurpe les identités de France 24 et du Figaro, nos confrères de France 24 ont identifié de nombreux comptes sur X, anciennement Twitter, qui ont partagé massivement la vidéo.

Ces comptes sont tous récents, créés il y a moins d'un mois, ce qui laisse penser à une action coordonnée. D'autant que sur X (mais aussi sur une grande partie des réseaux sociaux), la modération est limitée. La Commission européenne a ouvert une enquête en octobre visant l'ex-Twitter, TikTok, Facebook et Instagram pour la diffusion présumée "de fausses informations".

Des vidéos de plus en plus difficiles à détecter

Comment se prémunir face à ces vidéos ? Ce n'est pas toujours évident surtout que les détournements sont de mieux en mieux réalisés. Pour essayer de déceler les fausses vidéos, il faut être très attentif à des petits détails comme l'écriture : les phrases sont un peu plus longues, alambiquées, avec parfois des fautes d'orthographe. Au moindre doute, il vaut mieux aller directement sur le site du média. Si la vidéo ne s'y trouve pas, ça signifie potentiellement qu'elle ne vient pas de chez eux.

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