Accord de trêve entre Israël et le Hamas : "D'une certaine façon, le Hamas est gagnant", analyse le général Dominique Trinquand

Un accord a été officiellement approuvé mercredi entre le gouvernement israélien et le Hamas pour la libération de 50 otages aux mains du mouvement islamiste, en échange de prisonniers palestiniens, ainsi que pour une trêve de quatre jours dans la bande de Gaza.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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De la fumée s'élevant au-dessus des bâtiments dans la bande de Gaza, le 22 novembre 2023. (JOHN MACDOUGALL / AFP)

"D'une certaine façon, le Hamas est gagnant dans cette trêve", a analysé mercredi 22 novembre sur franceinfo le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU à New York après qu'un accord a été officiellement approuvé entre le gouvernement israélien et le Hamas pour une trêve de quatre jours dans la bande de Gaza, ainsi que la libération de 50 otages aux mains du mouvement islamiste, en échange de prisonniers palestiniens. Mercredi soir, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a déclaré à la télévision que "cette guerre continue jusqu'à ce que l'on atteigne tous nos objectifs : récupérer nos otages et anéantir le Hamas".

franceinfo : Quelles sont les conséquences de la trêve d'un point de vue militaire ?

Dominique Trinquand : D'un point de vue militaire, cette trêve qui a été imposée à Israël, imposée par la communauté internationale - les Américains, les Européens en particulier - mais aussi par la situation sur le terrain, va conduire Tsahal à arrêter ses combats pendant quatre jours, quitte à ce que ce soit prolongé. Cela veut dire arrêter les combats. Cela veut dire arrêter d'observer ce que fait le Hamas. Donc, d'une certaine façon, le Hamas est gagnant dans cette trêve.

"Le Hamas a été sous la pression très forte de l'armée israélienne et là, cette pression va s'arrêter et va lui permettre de se réorganiser."

Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française

à franceinfo

Cela va être le premier changement important qui va y avoir par la mise en œuvre de cette trêve. Il va falloir revoir comment elle va être appliquée. Parce que les trêves, c'est toujours compliqué. Il y a toujours des gens qui ne veulent pas les appliquer. Nous verrons ça dans les 48 heures qui viennent.

Les combattants du Hamas peuvent profiter de cette trêve pour se réorganiser. Est-ce qu'ils peuvent également en profiter pour fuir ?

Le Hamas va se servir de cette trêve pour pouvoir évacuer des zones dans lesquelles ils sont. Cela ne se fera pas facilement. Actuellement, dans les éléments de la trêve, il y a en particulier le fait qu'Israël ne fera plus appel aux drones et à l'aviation. Cela n'empêchera pas les soldats au sol de regarder ce qui se passe.

"Mais comme pour respecter la trêve, ils ne pourront pas tirer, on risque d'avoir une fuite plus importante vers le Sud. Donc cela va changer complètement la physionomie de la suite de la guerre pour Tsahal."

Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française

à franceinfo

Est-ce que cela va compliquer la suite de l'offensive israélienne ?

Un mouvement terroriste comme le Hamas, son intérêt, c'est de frapper et de disparaître. Donc aujourd'hui son intérêt, ce n'est pas de se heurter frontalement à l'armée israélienne, qui est bien trop puissante pour lui, mais c'est de disparaître de façon à se préparer pour d'autres actions ultérieures. C'est ce qui risque de se passer dans les jours qui viennent.

L'accord porte sur la libération de 50 otages. Est ce qu'il faut s'inquiéter pour la vie des autres otages ? Il y en a en tout 240.

Cela veut dire qu'il y a à peu près 200 otages qui ne sont pas compris dans cet accord. Mais dans l'accord, il y a possibilité de prolonger, à raison de dix otages par jour. Mais quand vous faites le compte sur dix jours, le compte n'y est pas. Il n'y a pas l'ensemble des otages. Deuxième point, on ne sait pas, dans les otages, ceux qui sont encore vivants.

Le Hamas a déjà annoncé qu'il y avait quatre otages qui avaient été tués par les Israéliens, disent-ils, par les bombardements, mais ce n'est pas totalement impossible. Donc aujourd'hui, le problème n'est pas totalement réglé. Donc il faut espérer que cette trêve est une porte ouverte pour une prolongation et pour pouvoir libérer plus d'otages.

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