Iran : répression à la veille de l'anniversaire de la Révolution
Le 11 février 1979, la Révolution islamique renversait le Shah d’Iran. Depuis, les islamistes au pouvoir profitent chaque année de cette date pour démontrer la puissance et l’unité de la nation iranienne.
Or, la République islamique est plongée dans une grave crise politique depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009. Depuis huit mois, des manifestations de l'opposition ont entraîné des dizaines de morts et des milliers d'arrestations dans tout l'Iran, sans pour autant que la répression exercée par le pouvoir n'entame la détermination des protestataires.
Contexte tendu
Dans ce contexte tendu, le pouvoir a averti qu'il ne tolèrerait pas de voix discordantes lors des manifestations du 11 février. Ce mercredi, les autorités ont procédé à de nouvelles arrestations d'opposants et de journalistes, sans préciser le nombre d'arrestations.
_ De plus, les autorités iraniennes ont fait savoir aux médias étrangers qu'ils ne seraient pas autorisés à couvrir les défilés de commémoration du 11 février.
Dès aujourd'hui, les forces de l'ordre et les bassidjis, les milices islamiques utilisées dans la répression des manifestations d'opposition, ont été mobilisées massivement.
_ A Paris, des opposants au régime iranien ont revendiqué mercredi la projection de ballons de peinture verte et l'inscription de slogans sur les murs de l'ambassade et du consulat d'Iran
L'opposition interdite de manifestation
Les cérémonies officielles de jeudi prévoient notamment un grand rassemblement sur la place Azadi, à Téhéran, où le président Ahmadinejad doit prendre la parole.
Interdits de manifestation, les principaux leaders de l'opposition iranienne, ont néanmoins appelé leurs partisans à participer massivement aux rassemblements officiels, selon la tactique employée depuis le début de la crise.
Un blog liste même des conseils aux manifestants du jour. Un manifeste à l'usage du parfait opposant, où l'on suggère de porter un masque, des lunettes noires, mais aussi une serviette trempée dans du vinaigre, pour se protéger des gaz lacrymogènes, et où l'on apprend comment reconnaître les bassidji, les voyoux à la solde du pouvoir...
"Participons tous aux cérémonies d'anniversaire calmement et fermement, avec patience et sans violences verbales ni physiques", a demandé le candidat battu à la présidentielle Mehdi Karoubi. Une manière pour les manifestants de dire leur rejet du président Mahmoud Ahmadinejad et du gouvernement en place.
Les dernières manifestations de l'opposition, à l'occasion du jour de deuil chiite de l'Achoura le 27 décembre avaient entraîné la mort de huit personnes et l’arrestation d’un millier d’autres.
Virginie Salanson, avec agences
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