Iran : le pouvoir arrête ses opposants et mobilise ses partisans
C'est un coup double qu'espèrent réaliser les autorités iraniennes. D'un côté, affaiblir et intimider les opposants, en procédant à des vagues d'arrestations, dont certaines totalement arbitraires, comme la sœur de la prix Nobel de la paix, Shirin Ebadi (lire notre article). De l'autre, mobiliser dans leur camp, en appelant à des contre-manifestations.
A Téhéran, les partisans du pouvoir sont descendus dans les rues dès aujourd'hui, alors que des manifestations semblables doivent être organisées à travers tout le pays ce mercredi. Ils ont demandé des sanctions contre les responsables de l'opposition qu'ils jugent coupables de fomenter des troubles depuis l'élection de juin. Le pouvoir assure que la participation massive à ces manifestations va “humilier” ceux qui critiquent la répression.
Le président Mahmoud Ahmadinejad a qualifié les manifestations d'opposants de “scénario-américano sioniste”. Il accuse les Etats-Unis et la Grande-Bretagne d'encourager, voir d'organiser la contestation. L'ambassadeur britannique, Simon Gass, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères pour recevoir “la protestation officielle de la République islamique d'Iran contre les ingérences dans les affaires intérieures du pays”, a rapporté l'agence Fars. Le Foreign Office a relaté que l'ambassadeur avait “répondu fermement aux critiques” iraniennes et répété les déclarations du chef de la diplomatie britannique David Miliband selon lequel “le gouvernement iranien doit respecter les droits de l'Homme de ses propres citoyens”.
Parmi les personnes arrêtées figure justement un citoyen britannique. Selon le pouvoir, il a été appréhendé à Téhéran, “alors qu'il attaquait les gens qui participaient aux processions de deuil d'Achoura”. Toute la journée, les arrestations se sont poursuivies, visant notamment des journalistes et des militants des droits de l'hommes. Des personnalités ont été mises en résidence surveillées, ou subissent des mesures de rétorsion, comme Mehdi Karroubi, l'un des chefs de l'opposition avec Mir Hossein Moussavi. Selon des proches du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei a déclaré que les chefs de file de l'opposition étaient des mohareb, des “ennemis de Dieu” et qu'il méritaient la mort.
_ Ce soir, Paris s'est joint aux protestations internationales. Le Quai d'Orsay demande la libération des “personnes injustement détenues”.
NUCLEAIRE
La communauté internationale ne sera pas rassérénée par une information émanant de services de renseignements. Selon un rapport, l'Iran chercherait à importer 1.350 tonnes d'uranium du Kazakhstan, en violation des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU. Ce matériau manque à Téhéran pour lancer son programme d'enrichissement d'urianium.
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