Echanges tendus entre Washington et Téhéran autour du détroit d'Ormuz
L'Iran menace depuis mardi de fermer ce détroit stratégique par lequel transite une bonne partie du trafic maritime pétrolier mondial. Retour sur cette joute verbale et ses enjeux.
Après deux jours de menaces, les Etats-Unis mettent en garde l'Iran. "Aucune perturbation du trafic maritime dans le détroit d'Ormuz ne sera tolérée", a déclaré mercredi 28 décembre un porte-parole du Pentagone.
Depuis mardi, Téhéran menace de fermer ce détroit stratégique si les Etats-Unis et leurs partenaires européens adoptent de nouvelles sanctions, visant ses exportations pétrolières, comme cela est envisagé en représailles à la poursuite de son programme nucléaire. FTVi revient sur les points clés de cette joute verbale.
Pourquoi ce détroit est-il stratégique ?
Situé entre le sultanat d'Oman et l'Iran, le détroit d'Ormuz ferme le golfe Persique, bordé par l'Iran et l'Arabie Saoudite, mais aussi par Bahreïn, le Koweït, les Emirats arabes unis, le Qatar et l'Irak, dont c'est la seule ouverture maritime. Entre un tiers et 40 % du trafic maritime pétrolier mondial y transite.
Mais c'est un couloir particulièrement vulnérable en raison de sa faible largeur, 50 km environ, et de sa profondeur, qui n'excède pas soixante mètres. Il est particulièrement stratégique pour les Etats-Unis, qui maintiennent dans le Golfe persique une présence navale puissante, avec notamment la Ve flotte, basée à Bahreïn.
Quelles sont les menaces de Téhéran ?
L'Iran menace purement et simplement de fermer le détroit par la voix de son premier vice-président, Mohammad Reza Rahimi. Celui-ci a affirmé mardi qu'"aucune goutte de pétrole ne transiterait par le détroit d'Ormuz" en cas de nouvelles sanctions contre son pays. Mercredi, le régime a réitéré ses menaces, tout en estimant qu'une telle mesure n'était pas nécessaire pour l'instant.
En guise de démonstration de force, la marine iranienne a entamé samedi dix jours de manœuvres militaires navales dans les environs. Les forces navales ont été déployées à l'est du détroit, dans la mer d'Oman et dans le golfe d'Aden, ainsi que dans l'océan Indien.
L'Iran peut-il passer à l'acte ?
"Fermer le détroit est très facile pour les forces armées iraniennes, c'est comme boire un verre d'eau, comme on dit en persan", a déclaré mercredi l'amiral Habibollah Sayyari.
Dans la réalité, une telle opération serait délicate et risquée pour l'Iran, qui devrait faire face à plusieurs grandes puissances maritimes. "Le détroit d'Ormuz est un détroit international. En conséquence, tous les navires, quel que soit leur pavillon, bénéficient du droit de passage en transit, conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, adoptée en 1982 et au droit international coutumier de la mer", a ainsi mis en garde mercredi le ministère des Affaires étrangères français.
Selon Le Figaro, qui cite un professeur iranien de relations internationales, les menaces iraniennes relèvent ainsi pour l'instant davantage du bras de fer verbal que de menaces réelles.
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