Cet article date de plus d'onze ans.

Un rapport alimente la thèse d'un empoisonnement de Yasser Arafat

Des scientifiques suisses affirment qu'un taux de radioactivité jusqu'à 20 fois supérieur à la normale a été trouvé dans les os du leader palestinien, mort en 2004. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un Palestinien brandit un portrait de Yasser Arafat, lors d'une manifestation à Ramallah, en Cisjordanie, le 15 septembre 2013. (ABBAS MOMANI / AFP)

C'est un nouvel épisode primordial dans le mystère qui entoure la mort de Yasser Arafat. La chaîne qatarie Al-Jazeera relaie, mercredi 6 novembre, le rapport de scientifiques suisses selon lequel l'ancien leader palestinien, mort en 2004, a été victime d'un empoisonnement au polonium.

Ce que dit le rapport

"Les résultats soutiennent modérément l'hypothèse que la mort a été la conséquence d'un empoisonnement au polonium-210", selon le rapport du centre universitaire romand de médecine légale de Lausanne-Genève. Les chercheurs suisses, qui évaluent la fiabilité de leurs conclusions à 83%, expliquent avoir "mesuré des activités de polonium-210 dans les os et les tissus [de Yasser Arafat] qui étaient jusqu'à 20 fois supérieures aux références de la littérature".

Une soixantaine de prélèvements ont été effectués le 27 novembre 2012 dans la tombe du dirigeant historique palestinien à Ramallah, en Cisjordanie, puis répartis pour analyse entre les trois équipes d'enquêteurs, suisse, française et russe. Les rapports des équipes suisse et russe ont été remis aux dirigeants palestiniens, selon des sources officielles palestiniennes, sans indication sur leurs conclusions.

L'agence officielle palestinienne Wafa a rapporté mardi 5 novembre que l'Agence fédérale d'analyses biologiques russe avait remis son rapport le 2 novembre, précisant que les conclusions en seraient rendues publiques ultérieurement.

Ce que sous-entend la thèse de l'empoisonnement

Yasser Arafat est mort à 75 ans le 11 novembre 2004 à l'hôpital militaire de Clamart, en région parisienne. Il y avait été transféré avec l'accord d'Israël, qui assiégeait depuis plus de deux ans la Mouqataa, siège de la présidence palestinienne à Ramallah. Les causes de sa mort n'ont pas été élucidées, et beaucoup de Palestiniens accusent Israël, qui a toujours nié, de l'avoir empoisonné.

Cette thèse a été relancée par la diffusion en juillet 2012 d'un documentaire d'Al-Jazeera révélant des quantités anormales de polonium sur des effets personnels de Yasser Arafat, confiés par sa veuve à la chaîne qatarie, qui les a fait analyser par un laboratoire suisse.

"Il s'agit d'un vrai crime, d'un assassinat politique", a martelé Souha Arafat mercredi à Reuters, après avoir reçu le rapport suisse. Ce document "confirme tous nos doutes, a-t-elle ajouté après avoir rencontré les experts suisses. Il est scientifiquement prouvé qu'il n'est pas mort de mort naturelle et nous avons la preuve scientifique que cet homme a été tué."

Souha Arafat n'accuse aucun pays ou individu en particulier, mais souligne que le leader historique de l'Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), qui signa en 1993 un accord de paix intérimaire à Oslo avec Israël, mais mena ensuite une révolte en 2001 lorsque d'autres pourparlers échouèrent, avait beaucoup d'ennemis.

Ce qui pourrait se passer

Le problème se posait déjà lorsque les prélèvements sur la dépouille de Yasser Arafat ont été effectués : trouver des traces de polonium dans ses os ne prouve rien. Car désormais, il ne sera pas facile de prouver que le polonium a été administré par quelqu'un, selon un responsable de l'Institut français pour la protection radiologique et la sûreté nucléaire (IRSN). Lors des prélèvements effectués en novembre 2012, les dirigeants palestiniens avaient tout de même annoncé leur intention de saisir la Cour pénale internationale si l'empoisonnement était confirmé.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.