Damas autorise le multipartisme mais poursuit la répression
Jusqu'à présent, le mot "parti" n'existait pas au pluriel en Syrie. Depuis 1963, une seule et unique formation a droit de cité dans le pays : le parti Baas, qui a le statut de "dirigeant de l'Etat et de
la société" selon la Constitution. Une machine politique toute entière vouée à la famille Assad, le père Hafez tout d'abord, le fils Bachar ensuite.
Désormais, d'autres partis devraient pouvoir exister aux côtés de cette formation toute-puissante. C'est en tout cas l'objectif affiché d'un décret présidentiel promulgué ce matin par Bachar al-Assad. Le texte fixe les conditions de création et de fonctionnement de formations politiques syriennes : les nouveaux partis devront respecter la déclaration universelle des droits de l'Homme, ne pas reposer sur des bases religieuses ou tribales et ne pas être issus d'une organisation ou d'un parti non syrien.
C'est le 24 juillet dernier que le gouvernement a adopté ce projet de loi sur le multipartisme, qui devait ensuite être soumis au vote des parlementaires. Mais Bachar al-Assad a décidé de ne pas attendre le scrutin et de rendre la mesure applicable immédiatement grâce à un décret.
Plusieurs dizaines de morts ces dernières heures à Hama
Le président syrien est-il soucieux de donner au plus vite des gages de bonne volonté aux contestataires, qui ont fait du multipartisme l'une de leurs principales revendications ? Cette attitude contraste en tout cas nettement avec la violence de la répression, qui ne faiblit pas. La nuit dernière, des tirs de blindés et des bombardements auraient fait au moins 45 morts à Hama, le bastion de la contestation.
Bachar al-Assad donne ainsi l'impression de ne faire aucun cas de la condamnation des Nations Unies : hier soir, le conseil de sécurité de l'ONU est parvenu à s'entendre sur une déclaration condamnant l'usage de la force contre
les civils syriens.
Alain Juppé, dans une interview exclusive à France Info, qualifie d'ailleurs la promulgation de ce décret de "provocation" des autorités syriennes dans ce contexte de violences. (ECOUTER L'INTERVIEW)
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