Bachar al-Assad apparaît de plus en plus isolé après le rappel d'ambassadeurs arabes
Après l'Onu et l'Union européenne, c'est au tour des pays arabes d'intensifier la pression contre le pouvoir syrien. Après l'Arabie Saoudite dimanche, le Koweït et Bahreïn ont à leur tour rappelé leurs ambassadeurs de Damas, lundi.
Le Qatar l'avait fait dès la mi-juillet, après des accusations de proches du pouvoir contre la chaîne Al Jazira.
Les Etats-Unis se sont dits "encouragés" par le durcissement de ton des pays arabes envers les autorités syriennes, a déclaré lundi le porte-parole du département d'Etat, Mark Toner.
En Syrie, au moins 7 morts ont été enregistrés pour la seule journée de lundi, après un week-end particulièrement sanglant (une cinquantaine de civils tués, en grande majorité dans la ville de Deir Ezzor, selon des militants des droits de l'Homme) mais le régime de Bachar al-Assad reste sourd aux protestations de la communauté internationale.
Dimanche, le royaume saoudien a été le premier à protester publiquement contre la répression en Syrie. Rompant avec la traditionnelle discrétion de la diplomatie saoudienne, le roi Abdallah a, dans un communiqué, appelé le président Bachar al-Assad à "arrêter la machine de mort", "avant qu'il ne soit trop tard". "Le royaume ne peut aucunement accepter ce qui se passe en Syrie" a-t-il ajouté, estimant que la répression des protestataires "contrevient à la religion, aux valeurs humaines et à la morale".
Selon le quotidien saoudien Al-Watan, proche du pouvoir, le roi Abdallah a adopté cette position après l'échec des contacts avec le régime d'al-Assad en vue d'obtenir un arrêt des violences.
De son côté, le Koweït a annoncé lundi une prochaine réunion du Conseil de coopération du Golfe (CCG) au sujet de la Syrie. L'Arabie saoudite et le Koweït en font partie, tout comme Bahreïn, les Emirats arabes unis, Oman et le Qatar. "Personne ne peut accepter l'effusion de sang en Syrie (...) L'option militaire doit cesser", a déclaré le chef de la diplomatie koweïtienne, Mohammed al-Sabah.
Après le rappel de son ambassadeur "pour consultation", le ministre bahreïni des Affaires étrangères, cheikh Khaled Ben Ahmad Al-Khalifa, a déclaré que son pays "appelle à la sagesse en Syrie".
L'ampleur des massacres a même incité la prestigieuse institution sunnite d'Al-Azhar, au Caire, a appeler lundi la Syrie à mettre fin à "l'effusion de sang". "Al-Azhar a longtemps patienté et évité de parler de la situation en Syrie en raison de sa sensibilité", a déclaré dans un communiqué le recteur de la mosquée, l'imam Ahmed al-Tayyeb. Mais "la situation a dépassé les limites et il n'y a pas d'autre solution que de mettre fin à cette tragédie arabe et islamique", a-t-il ajouté. "Le sang coule, des familles éclatent (...) On tire sur des gens désarmés, on les atteint par le fer et par le feu", s'est-il ému.
La Ligue arabe avait appelé dimanche les autorités syriennes à mettre "immédiatement" fin aux violences, pour la première fois depuis le début, le 15 mars, de la contestation populaire. La répression aurait coûté la vie à plus de 2 000 personnes, en majorité des civils, selon des ONG syriennes. Le secrétaire général, Nabil al-Arabi, a appelé lundi à un dialogue "sérieux" en Syrie en vue de parvenir à une réconciliation. "Quand le peuple descend dans la rue -et c'est une leçon que doivent tirer l'ensemble des pays arabes et non arabes de ce qui s'est passé en Tunisie et en Egypte- et demande le changement, alors les présidents et les gouvernements doivent arriver à cette solution par le dialogue et en ne faisant pas usage de la violence ou de la force", a-t-il ajouté.
Dans ce contexte tendu, la Turquie tente toujours de convaincre le pouvoir de cesser de réprimer la contestation. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, est attendu mardi à Damas pour adresser un message fort aux autorités, Ankara se disant "à bout de patience".
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