A 4 km d'Israël, Ahmadinejad prédit la "disparition des sionistes"
Mahmoud Ahmadinejad a servi son plus grand “hit” devant un public conquis. Juché sur une estrade, à 4 km seulement de la frontière israélienne, il a ressorti son couplet anti-sioniste : “les sionistes vont disparaître (...) que le monde entier sache cela”, a -t-il lancé, sous les applaudissements de la foule massée dans les travées du stade Bint Jbeil. 15.000 personnes en délire ont assisté au discours du maître de Téhéran.
L'orateur, lui, était sûr de son effet. Son déplacement au sud Liban, à deux pas d'Israël, s'annonçait comme le moment fort de sa visite au pays du Cèdre. La petite excursion était organisée par un “tour operator” sur mesure : le Hezbollah, mouvement chiite soutenu par l'Iran. Et, tout comme lors de son arrivée à Beyrouth hier, Mahmoud Ahmadinejad a été accueilli comme un héros. Il s'est d'abord rendu à Bint Jbeil, théâtre de violents affrontements lors de l'offensive israélienne de 2006. Puis, dans la soirée, il a enchaîné par une visite à Cana, village durement touché par des raids israéliens en 1996 (105 victimes civiles) et en 2009 (29 tués, dont des enfants).
A l'apparition du président iranien, la foule s'est mise à scander des slogans : “Khosh Amadid! (bienvenue en farsi)” et “Allah Akbar”. “Aujourd'hui, je sens qu'un homme puissant est là pour restituer nos droits face à l'ennemi israélien”, se réjouit une femme qui a perdu de nombreux proches dans les raids de 1996. Partout, des drapeaux iraniens, des portraits de Mahmoud Ahmadinejad, ou de l'ayatollah Khomeini.
Saad Hariri sifflé
A travers cette tournée triomphale, le président iranien ne fait pas que s'offrir la joie de venir provoquer Israël à sa porte. Il réaffirme et consolide son soutien au Hezbollah. Il l'adoube, non comme un partenaire, mais comme un frère. Les Etats-Unis, qui ont rangé le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, n'ont d'ailleurs pas manqué de décocher une flèche : pour Washington, la visite du président iranien démontre que l'organisation chiite est “plus loyal envers l'Iran qu'envers le Liban”.
Cette flèche verbale ira-t-elle se ficher dans le cœur et dans les esprits des Libanais ? La réponse est incertaine et rallume les feux de la division dans ce pays déchiré par une longue guerre civile. Car le nom du Premier ministre, Saad Hariri a été copieusement sifflé par la foule lorsque Mahmoud Ahmadinejad le citait pour le remercier de son accueil. Il est vrai que Saad Hariri a peu goûté la visite. Tout comme ses alliés occidentaux et arabes, il craint que le Liban ne se transforme en “base iranienne”, avec l'aide du Hezbollah, armé par Téhéran.
Le président iranien a d'ailleurs chaudement plaidé pour ses amis, lors de son entrevue avec Saad Hariri. Il a cherché à éloigner la menace d'une mise en cause du Hezbollah par le tribunal chargé d'enquêter sur la mort du père du Premier ministre, Rafic Hariri, assassiné en 2005. Une procédure à haut risque, qui risque de servir de catalyseur à une nouvelle flambée de violence dans un pays mal remis de ses plaies.
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