20.000 personnes ont participé jeudi à des funérailles à Deraa où une centaine de manifestants ont été tués mercredi
Le président Bachar al Assad a annonçé la création d'une commission chargée d'examiner l'abrogation de l'état d'urgence en vigueur depuis 1963 en Syrie.
A Deraa, noyau de la contestation qui a débordé dans des villes voisines, les manifestants ont scandé jusqu'au cimetière : "Par notre âme et notre sang, nous nous sacrifierons pour toi, martyr".
La commission instaurée par le président syrien devra également étudier les moyens de relever le niveau de vie, a annoncé sa conseillère, Bouthaïna Chaaban, lors d'une conférence de presse à Damas. Elle a également pris soin de préciser que le président n'avait pas donné l'ordre aux forces de l'ordre d'ouvrir le feu sur les manifestants à Deraa, foyer de la contestation dans le sud du pays.
Enfin, Bachar al Assad a promis une législation sur la liberté de la presse ainsi que sur les partis politiques.
Au moins 100 personnes ont été tuées mercredi à Deraa (100 km au sud de Damas) par les forces de l'ordre, selon l'AFP.
"La Syrie prendra des décisions importantes pour répondre aux aspirations du peuple, et le peuple prendra part à toutes les décisions qui seront prises", a affirmé à Damas dans l'après-midi Boussaïna Chaabane, conseillère du président Bachar al-Assad. Le président Assad, dont le parti Baas est au pouvoir depuis plus de 40 ans, n'est pas intervenu publiquement depuis le début des manifestations.
Sûrement plus de 100 morts
"Il y a sûrement plus de 100 morts et la ville a besoin d'une semaine pour enterrer ses martyrs", a déclaré Ayman al-Assouad, militant des droits de l'Homme. Un autre militant a affirmé que le nombre des morts à Deraa et dans les localités voisines "dépassait les 150".
Les autorités avaient imputé mercredi les heurts à un "gang armé", l'accusant d'avoir tué quatre personnes et "d'emmagasiner des armes dans la mosquée" al-Omari à Deraa, point de ralliement des contestataires. Elles ont aussi accusé "des parties étrangères" de propager des mensonges.
Tout est parti d'un appel via Facebook
Le mouvement de contestation a débuté le 15 mars en Syrie à la suite d'un appel via une page Facebook intitulée "la révolution syrienne contre Bachar al-Assad 2011". Cette page a appelé à des manifestations vendredi dans tout le pays.
"Nous appelons le peuple syrien à manifester et à annoncer le refus de l'injustice et de la répression (...) Nous allons poursuivre nos manifestations pacifiques jusqu'à ce que nos objectifs de liberté et de dignité soient réalisés", indique un communiqué publié sur cette page. "Nous faisons assumer aux autorités (...) la responsabilité du sang des martyrs et des blessés à Deraa", ajoute-t-il. Parallèlement, des ONG internationales et syriennes ont fait état d'une vague d'arrestations, dont celles d'un jeune blogueur Ahmad Hanifa et d'un journaliste Mazen Darouiche.
Amnesty International a dressé une liste de 93 personnes arrêtées ce mois-ci dans le pays, tout en estimant dans un communiqué que "le nombre réel de personnes arrêtées est vraisemblablement beaucoup plus élevé". Il s'agirait de personnes âgées de 14 à 45 ans, comprenant des étudiants, des intellectuels, des journalistes et des militants.
Jeudi matin, les rues de Deraa étaient désertes, selon un témoin joint par l'AFP. "D'habitude, notre ville est animée, mais aujourd'hui les rues sont désertes", a déclaré Amal, une habitante de la ville. "Les écoles sont fermées, la plupart des boutiques le sont aussi, Deraa ressemble à une ville fantôme", a-t-elle ajouté.
A Deraa, les manifestants s'en sont pris aux symboles du régime
Les manifestations qui ont commencé à Deraa le 18 mars sont le fruit "des pressions continues, des brimades, et des humiliations" subies par le peuple, ont indiqué habitants et analystes. A Deraa, les protestataires s'en sont pris aux symboles du régime, incendiant notamment des locaux de téléphonie mobile appartenant au cousin du président.
Le gouverneur de Deraa, Fayçal Kalthoum, a été limogé mercredi par un décret promulgué par le président Assad.
Paris a dénoncé une nouvelle fois des "violences inacceptables" et Londres a appelé la Syrie à "respecter le droit de manifester".
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