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Prism : l'avion du président bolivien dans la tempête Snowden

Indignation en Bolivie et dans presque tous les pays d'Amérique latine. Plusieurs pays ont refusé le survol de leur espace aérien à l'avion du président bolivien car ils soupçonnaient la présence à bord d'Edward Snowden, l'analyste à l'origine des révélations sur l'affaire Prism. Mercredi matin, la France, le Portugal et l'Espagne ont finalement donné leur feu vert au survol de leur territoire. Et l'avion du président bolivien a quitté Vienne à la mi-journée.
Article rédigé par Sylvie Johnsson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Heinz-Peter Bader Reuters)

Le président bolivien Evo Morales rentrait de Moscou où il avait participé à une réunion des pays producteurs de gaz naturel et volait en direction de La Paz, quand son avion a été contraint de se poser à Vienne, en Autriche : le Portugal lui avait refusé une escale technique, pourtant précédemment autorisée, et la France le survol de son territoire.

"Le permis de survol de la France avait été donné le 27 juin et a été  retiré quand l'avion présidentiel était à quelques minutes de l'espace  français ", a précisé mercredi l'ambassadeur de Bolivie en France, Jean Paul Guevara.

Une rumeur disait qu'Edward Snowden était à bord

A l'origine de ces refus, une rumeur selon laquelle Edward Snowden, l'analyste américain à l'origine des révélations sur l'affaire Prism, aurait été à bord de cet avion. Il est en effet bloqué à Moscou dans la zone de transit de l'aéroport malgré ses multiples demandes d'asile. Cet imbroglio diplomatique est arrivé quelques heures après qu'Evo Morales ait déclaré que son pays était prêt à accueillir le fugitif.

Une rumeur "infondée",  selon le ministre bolivien des Affaires étrangères David Choquehuanca qui entend d'ailleurs demander des "explications " à Lisbonne et à Paris en affirmant que "les lois du trafic aérien avaient été violées" .

Son collègue de la Défense, Ruben Saavedra, a fait part de ses "soupçons sur le fait que ces deux pays ont été manipulés par une puissance étrangère, en l'occurrence les Etats-Unis, afin d'intimider l'Etat bolivien et le président Evo Morales".

Tôt ce mercredi matin, la France, le Portugal, et l'Espagne ont finalement accepté le survol de leur territoire. François Hollande a précisé mercredi qu'il avait autorisé le survol dès qu'il avait appris qu'Evo Morales était à bord.

Le président bolivien a donc pu repartir, après être resté bloqué 13 heures à Vienne. "C'était quasiment comme un enlèvement de près de 13 heures ", a protesté le président bolivien, furieux, lors d'une conférence de presse à l'aéroport autrichien. Vers 17h, le président bolivien s'est posé pour une escale technique à Las Palmas aux Canaries, avant de rejoindre La Paz.

Colère en Amérique latine

Cette affaire Morales dans l'affaire Snowden a indigné les alliés du président bolivien. Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Elias Jaua a dénoncé un "attentat contre la vie du président Morales",  "une agression grossière, brutale, impropre et non civilisée " de la part "de gouvernements d'Europe et des Etats-Unis" qui "mettent en danger la vie d'un président".

Le ministre des Affaires étrangères de l'Equateur, Ricardo Patiño, a lui parlé d'une "terrible offense au président Morales ", lors d'une conférence de presse à Quito.

A La Paz, quelques dizaines de personnes ont manifesté mardi soir devant l'ambassade de France.

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