Prise d'otages en Algérie : le point sur une situation toujours confuse
L'attaque initiale
Mercredi à l'aube, les assaillants ont commencé par attaquer un bus qui transportait des employés du complexe gazier d'In Amenas, exploité par le groupe britannique BP, le norvégien Statoil et l'algérien Sonatrach. Ils ont alors affronté violemment les unités d'escorte, mais ont réussi à se retrancher pour partie dans la base d'hébergement, où ils se trouveraient toujours.
Combien y a-t-il d'otages ?
Les assaillants, cités notamment par
deux sites d'informations mauritaniens, affirment détenir 41 étrangers. Mais les médias algériens parlent ce jeudi de 45 personnes. Ils
seraient détenus sur deux zones du site. Cinq otages dans l'usine, et 36 autres sur la base d'hébergement à une dizaine de kilomètres.
Washington a confirmé rapidement que des
Américains faisaient partie des otages. Le Premier ministre norvégien a lui affirmé
que 13 Norvégiens étaient concernés. Il y aurait également des Irlandais, des Suédois et au moins trois Japonais, selon la presse nippone. Par ailleurs, le ministre britannique des Affaires étrangères a confirmé qu'un ressortissant britannique avait été tué dans la prise d'otages, "un meurtre de sang-froid ", selon William Hague. Il ignore en revanche le nombre de ressortissants britanniques retenus.
Les terroristes détiennent en outre 150 Algériens employés par le groupe français CIS Catering. Le PDG de cette
entreprise de logistique, Régis Arnoux, a expliqué sur i-Télé qu'il y a une différence de traitement entre les otages occidentaux et les autres. Les premiers seraient "regroupés dans une partie de la base, attachés. Alors que les employés algériens seraient autorisés à circuler ". Selon une source officielle, une grande partie de ces derniers auraient déjà été libérés.
Y a-t-il des Français ?
Les preneurs d'otages affirment
qu'ils détiennent des Français. Mais pour le moment, la France reste très prudente et ne confirme pas. François Hollande a déclaré ne pas avoir
"la certitude " que des Français étaient retenus. Même prudence affichée par la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, ce jeudi : "Nous ne sommes pas en mesure, à l'heure où je vous parle, de confirmer la présence de Français parmi les otages ".
Cependant, la chaîne France 24 affirme avoir eu une conversation téléphonique avec un otage français. Celui-ci racontant qu'il se trouve avec les autres dans un immeuble piégé, et que certains d'entre eux portent des ceintures d'explosifs sur eux, pour dissuader toute intervention des forces de sécurité algérienne.
Qui sont les agresseurs ?
Les autorités algériennes affirment que les auteurs de la prise d'otage ne sont pas venus du Mali – comme ils l'affirment – ni de la Libye voisine. Selon les informations
recueillies par France Info, ces combattants sont en effet membres des "Signataires
du sang" dirigés par Mokhtar Belmokhtar. Surnommé "le Borgne",
il est l'un des chefs historiques d'al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qu'il
a introduit dans le nord du Mali. C'est surtout "un vétéran de l'islamisme algérien, ex du GIA ", selon Mathieu Guidère, spécialiste des questions islamistes.
Écarté
d'Aqmi il y a deux mois, il avait fait sécession et fondé son propre groupe. Il
aurait avant l'attaque "menacé de riposter à toute intervention militaire au Mali ".
Lui et son groupe affirment aujourd'hui disposer de plusieurs dizaines de combattants sur le site et dans les environs, armés de mortiers et de missiles aériens.
Que veulent-ils ?
Selon le porte-parole du
groupe, l'action est menée en représailles de l'autorisation donnée par
l'Algérie à la France de survoler son espace aérien pour mener la guerre au
Mali. Mais selon un employé du site d'In Amenas, les ravisseurs veulent la
libération d'une centaine d'islamistes. Dans la soirée, les preneurs d'otages ont publié un communiqué réclamant "l'arrêt de l'agression" au Mali. Ils auraient demandé aussi à pouvoir quitter l'Algérie avec leurs otages.
"Ce qu'il est important d'expliquer, c'est à quel point ces groupes djiahistes se sont fait étriller depuis quatre à cinq jours par l'armée française. Jamais depuis 2001, 2002, en Afghanistan, les terroristes islamistes n'ont connu autant de pertes - peut-être 150 tués - alors qu'ils agissaient en toute impunité , explique Éric Dénécé, directeur du Centre de recherche français sur le renseignement. Ils viennent de connaître un échec majeur. Donc ils essayent de riposter avec leurs moyens ".
Que compte faire l'Algérie ?
Face aux revendications des preneurs d'otages, les autorités algériennes ont expliqué ne pas "négocier avec les terroristes ". C'est la ligne de l'Algérie qui a l'expérience de 10 ans de guerre civile dans les années 90. Les assaillants d'ailleurs affirment avoir repoussé une tentative d'assaut de l'armée algérienne dans la soirée. Mais cette information n'a pas été confirmée.
L'armée, les forces de sécurité algériennes et le GIS, Groupe d'intervention spécial encerclent en ce moment la plateforme gazière. "Il n'y a aucune autre possibilité pour les preneurs d'otages que de négocier leur sortie, ou bien les choses peuvent se traduire autrement s'ils persistent dans le maintien de leurs positions ", affirme le ministre algérien de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia.
Quel est ce site d'In Amenas ?
Ce site qui accueille au total 2.000 personnes se trouve à 1.300 km d'Alger, à la frontière libyenne. Il est en production depuis 2006 et il y a quatre champs de gaz qui sont en exploitation par un consortium : le groupe britannique BP,
le norvégien Statoil et l'algérien Sonatrach.
Ce site est un site stratégique. Il représente environ 20% de la production gazière algérienne. Il fait l'objet d'une protection accrue. Reste que sa superficie est importante et il est très difficile à sécuriser.
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