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Près de 870 millions de personnes souffrent encore de la faim sur la planète

La faim dans le monde touche environ 870 millions de personnes, indique le rapport 2012 de l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Fourniture de nourriture par le Programme alimentaire mondial au Paraguay (octobre 2012). (NORBERTO DUARTE / AFP)

Plus précisément, la FAO chiffre à 868 millions le nombre de personnes souffrant de «faim chronique» dans la période 2010-2012. Un résultat qui traduit un léger mieux global, mais montre aussi que dans certaines régions la situation ne s’améliore pas, au contraire.

868 millions de personnes, cela représente 12,5% de la population mondiale. Sur ces 868 millions, l'écrasante majorité des affamés vit dans trois régions: l'Asie du sud (304 millions), l'Afrique subsaharienne (234) et l'Asie de l'est (167).

Sous alimentation dans le monde en développement (en millions) 2010-2012 (FAO)

Un mieux, selon la FAO
L'organisation onusienne voit un mieux dans ces chiffres parce que les précédentes statistiques faisaient état, en 2010, de 925 millions de personnes affamées. L'année précédente, elle avait même annoncé que le milliard de personnes affamées avait été dépassé.

L'évolution de ces vingt dernières années est globalement satisfaisante à l'échelle mondiale, note l’agence. Mais cette évolution cache des disparités régionales et «les différences entre les régions et les divers pays restent considérables».

«C'est surtout avant 2007-2008 que les progrès mondiaux en matière de réduction de la faim ont été faits» mais, par la suite, «ils ont accusé un ralentissement et un tassement», dénonce le rapport. Les raisons du ralentissement de cette amélioration sont multiples, notamment «la crise économique mondiale, la hausse des prix des denrées alimentaires, la demande croissante de bio-carburant, la spéculation sur les matières premières alimentaires ou les changements climatiques», a expliqué Jomo Sundaram, directeur général adjoint de la FAO.

Distribution de nourriture en Somalie (juillet 2012) (TONY KARUMBA / AFP)

La faim progresse en Afrique
Si la faim a reculé en Asie de l'est, touchant 167 millions de personnes en 2010-2012 contre 261 millions vingt ans plus tôt (1990-1992), à l'inverse elle a augmenté sur la même période en Afrique subsaharienne, passant de 170 millions à 234 millions de personnes affectées.

«La situation de l'Afrique sub-saharienne en particulier est une grosse source de préoccupation», a indiqué M. Sundaram. «On est en train de perdre la bataille en Afrique sub-saharienne, où le nombre d'affamés a augmenté, avec 64 millions de plus qu'il y a 20 ans», a renchéri M.da Silva,le patron de la FAO, soulignant «les liens entre faim, insécurité alimentaire et conflits».

Selon Carlo Cafiero, un expert en statistiques de la FAO, beaucoup de pays de la région «sont dépendant des importations notamment de riz» et ont «des problèmes d'infrastructures pour la distribution de la nourriture».

Ils ont aussi des problèmes politiques, notamment des conflits internes, rappelle l'organisation qui insiste aussi sur la «productivité accrue des petits exploitants. La croissance agricole est particulièrement importante dans les pays à faible revenu, où l’agriculture contribue le plus à la réduction de la pauvreté». Une façon discrète de mettre en cause les achats massifs de terres agricoles en Afrique?

Les pistes de la FAO
Pour réduire la faim et la malnutrition, «la croissance économique est nécessaire mais elle n'est pas suffisante», a estimé la FAO dans son rapport, en jugeant nécessaire que «les pauvres soient parties prenantes au processus de croissance et qu'ils en bénéficient».

L'une des clés, pour Valerie Guarnieri, du Programme alimentaire mondial, est notamment de «transférer le contrôle des ressources entre les mains des femmes» car «plus elles ont leur mot à dire en ce qui concerne les dépenses du ménage plus elles ont tendance à consacrer des dépenses à des éléments qui améliorent la nutrition et la santé». Autre moyen, il faut aussi investir dans l'alimentation des enfants pour qu'ils «restent plus longtemps à l'école et puissent ainsi accroître les revenus» de leurs familles.
 

Reportage France 2 de Pierre Monégier, diffusé le 9 octobre 2012

Accès à l’eau potable, diversification de l’alimentation, développement des services de santé, protection sociale, croissance organisée (services publics), gouvernance améliorée… telles sont quelques unes des pistes avancées par la FAO pour aller au-delà des questions de production.

Optimisme
«Le premier Objectif du Millénaire pour le développement, consistant à réduire de moitié la prévalence de la faim dans le monde d'ici 2015, est encore à notre portée, mais il va falloir mettre le pied sur l'accélérateur pour compenser la perte de vitesse enregistrée depuis le milieu de la dernière décennie», estime le chef de la FAO, Jose Graziano da Silva.

Reste à savoir si la crise ou une hausse des prix des produits alimentaires ne doucheront pas l'optimisme du patron de l'organisation internationale. Les objectifs du Millénaire, adoptés en 2000 par les Etats membres de l'ONU, fixaient des buts pour 2015. Et après?

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