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Près de 17,2 millions de personnes sont directement affectées par les inondations au Pakistan, selon l'Onu

Parmi ces personnes, quelque 8 millions ont besoin d'une aide d'urgence, à la suite des pires inondations de l'histoire du pays.Après le nord et le centre, les inondations menacent désormais le sud du pays, où les autorités évacuent de nombreux villages et villes avant la montée des eaux.
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Des réfugiés pakistanais fuient les inondations, le 11 août 2010 (AFP/Arif Ali)

Parmi ces personnes, quelque 8 millions ont besoin d'une aide d'urgence, à la suite des pires inondations de l'histoire du pays.

Après le nord et le centre, les inondations menacent désormais le sud du pays, où les autorités évacuent de nombreux villages et villes avant la montée des eaux.

Les risques de nouvelles crues demeurent en effet très élevés pour les trois prochains jours dans la vallée de l'Indus

Les inondations provoquées depuis près d'un mois par des pluies de mousson d'une ampleur exceptionnelle ont affecté déjà un cinquième du territoire pakistanais.

Le niveau des eaux devrait baisser dans les prochains jours, à mesure que les dernières crues se déverseront en mer d'Arabie, a indiqué l'agence officielle de presse APP.

Dans le nord et le centre, les régions les plus touchées, les eaux ont commencé à se retirer depuis plusieurs jours et le risque de nouvelles inondations est bas alors que les pluies sont en train de cesser. Mais les flots de l'Indus continuent de gonfler et l'inquiétude se concentre désormais dans la basse vallée, dans le sud, autour de Hyderabad, sixième ville du Pakistan avec plus de 2,5 millions d'habitants.

"La situation est très critique pour les deux ou trois prochains jours et nous devons surveiller les niveaux de l'eau de très près dans l'embouchure de l'Indus, qui seront exceptionnellement élevés", a déclaré mardi Jam Saifullah Dharejo, ministre de l'Irrigation de la province du Sind où est située Hyderabad.

Son ministère a déployé des "milliers" d'ouvriers pour consolider les digues qui protègent les villes le long de l'Indus et ses affluents, dit-il. "Tout peut arriver", lâche-t-il cependant. Ses craintes sont confirmées par le chef du service national de Météorologie Arif Mehmood. "Le niveau de l'Indus sera exceptionnellement élevé au barrage de Kotri", aux portes de Hyderabad, "pendant trois ou quatre jours avant de redescendre".

Une grave crise humanitaire
Mais une fois passé ce risque immédiat, le Pakistan sera toujours confronté à la plus grave crise humanitaire de son histoire en termes de territoire et de population affectés, avec plus d'un cinquième du pays inondé, plus de 1500 morts et plus de 20 millions de personnes touchées à des degrés divers.

Le président Asif Ali Zardari a estimé lundi soir qu'il faudra "au minimum trois ans" pour alléger les souffrances des Pakistanais et reconstruire les zones dévastées.

De nouvelles inondations avaient aggravé dimanche la situation dans le sud du Pakistan, forçant 200.000 personnes à fuir: quatre districts au moins de la province du Sindh ont été touchés.

Les conséquences économiques, sociales et politiques de ces inondations sans précédent depuis plusieurs dizaines d'années s'annoncent durables. Des localités entières et des terres agricoles ont été dévastées, des routes et des ponts détruits.

"Nous ne pouvons pas encore parler de famine mais je pense que nous pouvons dire qu'il y a des millions de personnes frappées par la faim", a déclaré à Reuters Maurizio Giuliano, porte-parole des opérations humanitaires de l'Onu. "Je pense que nous avons des millions de personnes qui souffrent de la faim et la faim est de toute évidence un facteur qui contribue à augmenter la vulnérabilité", a-t-il ajouté.

700 millions de dollars de promesses de dons pour les inondations
Les Etats-Unis et l'ensemble de la communauté internationale ont désormais fait des promesses de dons s'élevant à 700 millions de dollars, a annoncé lundi un responsable américain.

Selon Dan Feldman, représentant spécial adjoint des Etats-Unis pour l'Afghanistan et le Pakistan "Nous avons décompté des promesses dépassant 700 millions de dollars et provenant de plus de 30 pays, y compris notre propre engagement de 150 millions". S'y ajoutent, a-t-il dit, "300 millions de dollars supplémentaires pour des engagements non encore définis" et provenant de plusieurs pays.

Selon le Financial Tracking Service, organisme des Nations unies chargé du suivi financier de l'aide internationale 490,7 millions de dollars avaient déjà été versés vendredi par la communauté internationale, et 325 millions supplémentaires avaient été promis.

La moitié de l'aide avait été accordée en réponse à un appel de fonds de 460 millions de dollars lancé le 11 août par l'ONU, le reste prenant la forme d'une aide bilatérale accordée en premier lieu par l'Arabie Saoudite ainsi que par des ONG et des entreprises, selon le FTS.

Chaos humanitaire et politique
La catastrophe déstabilise également le gouvernement pakistanais, critiqué par les populations pour les lenteurs de sa réaction, et pourrait être exploitée par les islamistes radicaux armés.

Les inondations ont fait monter d'un cran la défiance, déjà forte, de la population à l'égard du fragile gouvernement, laissant redouter des émeutes, sous l'oeil intéressé des fondamentalistes.

La colère vis-à-vis de l'impopulaire gouvernement du président Asif Ali Zardari, jugé corrompu et inefficace, est très vive dans les camps de fortune et le long des routes où la majorité des sinistrés attendent toujours nourriture et médicaments.

Du nord-ouest au Sind (sud) en passant par le Pendjab (centre), les victimes ont à plusieurs reprises bloqué les routes et affronté la police.

A Muzaffargarh, l'un des districts les plus sinistrés du Sud-Pendjab, "les gens bloquent les routes, volent les camions d'aide alimentaire et dénoncent l'absence de secours", explique Jamshaid Dasti, responsable local du Parti du peuple du Pakistan (PPP), le mouvement de M. Zardari, en prévenant que "la situation pourrait devenir incontrôlable".

"Si on n'y prête pas attention, il y aura de grandes manifestations", abonde Qaiser Bengali, conseiller du gouvernement provincial du Sind. "Le pays est si fragile que le gouvernement peut être menacé au moindre mouvement social".

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