Plus de 200 sinistrés ont manifesté mercredi devant le palais présidentiel pour attirer l'attention sur leur sort
Plus de 8 mois après le séisme qui a ravagé Haïti et jeté à la rue 1,3 millions de personnes, ils ont manifesté leur exaspération devant les lenteurs de la reconstruction.
Ils ont réclamé "des abris plus sûrs et plus durables que ces bâches déchirées qui ne résistent plus aux coups de vent et à la pluie", comme l'a expliqué l'un d'entre eux à l'AFP.
La colère est aggravée par le fait que de nombreux sinistrés sont maintenant menacés d'être déplacés.
D'une part, les autorités cherchent à évacuer les camps les plus menacés par les intempéries: des orages intermittents balayent actuellement Haïti, qui est également menacée par deux puissants ouragans, Julia et Igor, qui traversent l'Atlantique.
D'autre part, certains propriétaires des terrains abritant ces camps de fortune souhaitent expulser les sinistrés pour récupérer l'usage de leurs terrains.
"Nous sommes fatigués de vivre dans ces conditions, isolés dans un désert, sans hôpital, sans écoles pour nos enfants", dénonce Fefe, à la tête d'un groupe de sans-abri venus de plusieurs camps de déplacés.
Les ONG sous le feu des critiques
"Les ONG sont en Haïti depuis plus de huit mois, nous avons du mal à voir ce qu'elles ont réalisé", déclare Elvire Constant, 39 ans, responsable d'un comité d'un camp de 2.500 familles sinistrées.
"Nous sommes déterminés à descendre dans la rue tous les jours pour dénoncer ces organisations non gouvernementales qui ne font rien ici. Quand va-t-on sortir de cette situation ?", demande-t-elle.
Un expert de l'Onu réclame un moratoire sur les expulsions
En mission d'évaluation des droits de l'homme en Haïti, un expert indépendant de l'ONU, le français Michel Forst, a visité certains des 1.300 camps de déplacés et a déploré les conditions de vie des sinistrés.
"Je demande à nouveau un moratoire sur les expulsions forcées de déplacés des camps établis sur des terrains privés. Au moins tant qu'une stratégie nationale ne sera pas mise en oeuvre par le gouvernement d'Haïti", a plaidé Michel Forst.
Huit mois après le séisme, les avenues de la capitale sont encore encombrées de débris qu'il faudrait 10 ans pour enlever, selon des experts. Pour les Haïtiens "rien n'est reconstruit".
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