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Philadelphie : "Welcome Pope Francis"

Après Washington et New-York, le pape arrive ce samedi à Philadelphie, c’est la dernière étape de sa semaine américaine. François n’était jamais venu aux Etats-Unis. De quelle manière ce pape des pauvres a–t-il été reçu dans la plus grande puissance économique mondiale ? Quel accueil de la part des catholiques américains ? Quelle relation avec la hiérarchie de l’église aux Etats-Unis ?
Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Le pape François a passé la journée de vendredi à New York où il a été chaleureusement accueilli © REUTERS/Brendan McDermid)

On a vu un pape en phase avec les fidèles ces derniers jours. C’était même assez spectaculaire de constater ce lien avec des gens qui se massaient au bord de la route, dans les jardins du Capitole et de la Maison Blanches, dans des stades, pour seulement apercevoir furtivement le pape François et qui parlent tous de lui comme d’un proche.

Clairement, il n’y pas la distance de certains de ces prédécesseurs, ça se voit aux Etats-Unis, comme ailleurs. Et puis, il y a le verbe, les paroles sur les inégalités notamment, qui sont un encouragement à l’action pour de nombreux fidèles. Voici par exemple Carola, elle attend le pape François à Philadelphie, mais elle a écouté tous ses discours depuis le début de la semaine : 

"Le pape François parle plus de ces questions et son message est plus clair. Il nous demande d’apporter vraiment du changement non seulement à l’intérieur de l’Eglise mais aussi en vivant notre foi dans la société, la politique, l’économie, partout en fait. Donc cela doit avoir un impact sur l’économie. Nous sommes dans une société de consommation, nous voulons toujours plus et peu importe les conséquences sur les autres. Il nous demande de ne plus nous conduire comme ça ."

Des paroles et des actes. On l’a vu à New-York et à Washington avec des pauvres, des immigrants sans papiers. A Philadelphie, il rencontrera des prisonniers. Mais les messages de François ne sont pas toujours audibles au sein même de l’Eglise américaine. Quelques-une des figures les plus influentes de la hiérarchie catholique outre-atlantique se sont opposées à l’élection de François. Elles ne voyaient pas d’un bon œil l’arrivée d’un homme venu du Sud. Il y a des résistances au changement et c’est bien ce qui inquiète le plus les progressistes de l’Eglise comme Brett Engelking qui est un franciscain et qui cite un exemple particulier : 

"Malheureusement, il reste beaucoup de travail à faire dans le domaine de l’écologie. Seulement 5% des gens ont entendu leur prêtre parler du changement climatique et de ses conséquences. Et quand vous avez moins de la moitié des catholique dans ce pays qui ont entendu parler de l’encyclique, les prêtres et les évêques portent une lourde responsabilité. Il y a des forces contraires, c’est une bataille, je pense que le Pape François veut ces réformes et l’Eglise ne peut pas continuer à fonctionner ainsi ".

Le pape ne s’est d’ailleurs pas privé de faire la leçon aux évêques américains quand il les a rencontrés il y a quelques jours à Washington. Sur la priorité à donner désormais à la lutte contre le réchauffement climatique, sur l’investissement également sur le terrain social. "Sortez, allez dans la rue", leur a-t-il dit. Et ça, c’est quelque chose que ressent fortement Helen, une bénévole d’une paroisse de Washington. Elle espère que le message du pape François laissera des traces : 

"J’espère qu’il va au minimum inciter les futurs évêques dans ce pays à penser plus fortement au message de Jésus Christ. Après tout, il ne parle que de cela, d’aimer les gens. Je ne pense pas qu’ils oublient volontairement ce principe mais ils se focalisent trop sur le dogme, la doctrine, les règles.. et ces règles peuvent heurter et éloigner des gens de l’Eglise ."

Et toutes ces interrogations se produisent à un moment où l’Eglise américaine est en pleine mutation. L’évolution la plus spectaculaire, c’est la part prise par les hispaniques dans les 68 millions de catholiques. Ils représentent plus de la moitié des fidèles de moins de 25 ans, ils sont l’avenir de cette Eglise car s’il n’y avait pas cette population, la diminution du nombre de pratiquants aux Etats-Unis serait plus importante. Et, comme le dit Maria, originaire du Salvador, ils apportent une autre façon de pratiquer sa religion : 

"Nous sommes plus impliqués dans la vie de l’Eglise. Dans notre pays, nous sommes très proches de l’Eglise et quand nous arrivons ici nous recherchons la même chose. C’est cela que nous apportons. Nous venons avec des vêtements ou de la nourriture pour ceux qui n’ont rien à manger. Là encore, nous faisons comme à la maison. Oui, je trouve que nous sommes plus impliqués que les Blancs ".

Un peuple catholique américain qui se latinise, des messes en espagnol de plus en plus nombreuses, mais en même temps, peu de traduction dans la hiérarchie : moins de 5% des prêtres sont hispaniques. Il faut du temps pour le changement dans l’Eglise, le pape François s’en rend compte et certains fidèles vivent aussi cette réalité.

Le reportage de Frédéric Carbonne
 

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