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Pays-Bas: l’islam, une nouvelle fois, au cœur des élections

Les élections législatives néerlandaises sont l’occasion d’un bras de fer entre les libéraux du Premier ministre Mark Rutte et l’extrême droite menée par Geert Wilders. Depuis une quinzaine d’années désormais, le débat se cristallise autour de la présence des musulmans dans le pays. Un débat qui a été parfois mortel.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min

Vendredi 10 mars 2017, les journalistes se sont déplacés nombreux à la mosquée Essalam de Rotterdam. Conscients qu’un moment fort se déroulait ici. Il s’agissait d’un débat à quelques jours des élections législatives aux Pays-Bas. Car la communauté musulmane a décidé de se saisir du débat politique. Y être acteur, à force d’en être le sujet. L’imam de la mosquée, Azzedine Karrat, a appelé ses fidèles à voter pour dire «aux gens, aux candidats, aux partis politiques : nous, les musulmans, nous sommes ici, nous faisons partie de cette société et vous devez nous accepter » rapporte RFI.
 
Plusieurs candidats (8) ont été invités, y compris Geert Wilders le leader d’extrême droite. Sans surprise, il a décliné l’invitation. Pas étonnant car dans son programme, il a promis, s'il devenait Premier ministre trois choses: fermer les frontières aux immigrants musulmans, interdire la
vente du Coran et fermer les mosquées. 
 
Les musulmans inquiets
Le maire de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, lui-même musulman, a ouvert les débats. Des débats très animés ont rapporté les observateurs. Vivre sa religion est devenu très discriminant face à la montée du djihadisme. «Suis-je devenu quelqu'un d'autre dans les yeux des autres personnes ?», s'est interrogé le blogueur Nourdeen Wildeman, rapporte RT. «Je vois aussi trop de musulmans qui s'isolent, qui vont se mettre dans un coin et pensent : Cela passera.» lance comme en écho le maire de Rotterdam.
 
La population musulmane, d’origine turque ou marocaine, représente entre 840.000 et 960.000 personnes. Un chiffre qui a tendance à se stabiliser depuis des années. Elle représente 5% des 17 millions de Néerlandais.
 
Le débat sur la place de l’Islam dans la société néerlandaise n’est pas nouveau. Il commence avec l’émergence de Pim Fortuyn, homme politique assassiné en 2002, quelques jours avant des élections législatives où les sondages le donnait en 3ème place, capable de former une coalition. L’homme politique refusait que le pays soit terre d’immigration. Il était particulièrement hostile à l’islam en raison des différences culturelles et du refus d’intégration, selon lui, des musulmans.
 
Violence au programme
Deux ans plus tard, c’est au tour de Theo van Gogh d’être assassiné. Le réalisateur était particulièrement controversé en raison de ses prises de position violentes contre l’islam. Il venait de sortir un documentaire racontant le calvaire d’une femme somalienne qui fuit un mariage forcé. Son assassin présumé avait pris soin de laisser sur son cadavre un message appelant au djihad. Cette même année 2004, un autre homme est visé par les islamistes et placé sous haute protection. Il s’agit de…Geert Wilders !
 
Depuis 15 ans, l’extrême-droite néerlandaise fait son miel de cette stigmatisation des musulmans, le PVV de Geert Vilders ne fait pas exception à la règle. Sa campagne anti islam a poussé le Premier ministre Mark Rutt à la surenchère. Il a fait paraître une publicité dans laquelle il invitait ceux qui n’aiment pas le pays à le quitter.
 
La campagne turque s’invite
Autant dire que dans ce contexte, le meeting pro-Erdogan de Rotterdam tombait au plus mal pour le gouvernement. Rappelons le contexte. Le président turc a besoin des voix des millions de membres de la diaspora en Europe, pour faire passer une réforme constitutionnelle qui est loin de faire l’unanimité. Or ils sont 400.000 électeurs turcs aux Pays-Bas. Samedi 11 mars, l’avion du ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, qui se rendait au meeting, est interdit d’atterrissage. Quelques heures plus tard, c’est au tour de la ministre de la Famille d’être refoulée à la frontière.

Le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a invoqué un risque à l’ordre public, déclarant que «ces rassemblements ne doivent pas contribuer à des tensions dans notre société».
Il ne pouvait surtout pas se permettre de prêter le flanc à la critique. L’extrême droite, aussi tôt, aurait parlé de nation dans la nation, si Rutte avait laissé des ministres étrangers s’exprimer à Rotterdam.

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