Reconnaissance d'un État palestinien : ce n'est "pas une récompense, c'est un droit", selon le président de l'iReMMO, Jean-Paul Chagnollaud

La reconnaissance de l'État de Palestine a été actée mardi par l'Espagne, l'Irlande et la Norvège.
Article rédigé par franceinfo
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Jean-Paul Chagnollaud, le Président de l'iReMMO, le 28 mai 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Tous les États du monde ont reconnu l'État de Palestine, sauf le bloc occidental, c'est-à-dire l'Europe de l'Ouest et les États-Unis, le Canada", précise mardi 28 mai sur franceinfo Jean-Paul Chagnollaud, le Président de l'iReMMO, l'Institut d'études et de recherche Méditerranée Moyen-Orient. Mais "il y a une fissure, une première fissure importante", celle créée par l'Irlande, la Norvège et l'Espagne qui reconnaissent officiellement à partir de mardi l'existence d'un État palestinien.

Une décision politique majeure qui ne va rien changer au conflit armé sur le terrain dans l'immédiat, selon le professeur émérite, mais qui a déjà des répercussions : "Les Canadiens eux-mêmes se posent des questions et ont évolué. Maintenant, ils s'abstiennent aux Nations-unies, ils ne votent plus contre tout ce qui est pro-palestinien, donc c'est quand même très important."

L'autre effet majeur de cette reconnaissance, c'est la légitimation de la solution à deux États pour régler ce conflit, car "en reconnaissant [un État palestinien], ils disent : 'Il faut un règlement politique et le seul règlement politique, c'est un règlement fondé sur la solution à deux États'." Une solution approuvée par l'Occident, mais dont la traduction concrète est encore trop difficile à mettre en œuvre, car "Israël est une partie de l'Occident finalement. Israël est né en Occident, si je puis dire, et par l'Occident", argumente Jean-Paul Chagnollaud. Un passé très lié entre Israël et l'Occident qui explique la difficulté à faire appliquer les décisions de la Cour de Justice internationale et qui explique également la fracture entre une opinion publique qui se manifeste de plus en plus en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza et des exécutifs encore très prudents face à l'État hébreu.

"L'autre direction est une guerre sans fin"

Un autre blocage vient de l'argument, notamment porté par le président de la République Emmanuel Macron, que la solution à deux États est bonne, mais qu'accorder cette reconnaissance à la suite de l'attaque mortelle du 7 octobre donne raison au Hamas et à ses méthodes. "C'est un raisonnement qui me paraît parfaitement biaisé", rejette Jean-Paul Chagnollaud, "ça fait 25 ans qu'on en parle et que chaque fois, il y a une raison plus ou moins bonne pour dire 'on ne fait pas', on dit toujours 'le moment venu', mais "le moment venu n'arrive jamais. [...] C'est une affaire qui ne date pas du 7 octobre, ni même de 1948, qui remonte à 1922".

Il est très clair sur un point, la reconnaissance d'un État palestinien n'est "pas une récompense", c'est même "absurde de parler en ces termes". Le chercheur évoque le droit international pour justifier son propos : "C'est un droit. Les Palestiniens, comme tous les peuples du monde, ont un droit à l'autodétermination et c'est reconnu par toutes les résolutions du Conseil de sécurité et aussi par la Cour internationale de justice." "Il faudrait que la France franchisse ce pas [de la reconnaissance d'un État palestinien]. Et une fois encore, si on ne va pas dans cette direction, on ira dans l'autre. Et qu'est-ce que c'est que l'autre direction ? C'est la guerre, la guerre sans fin", conlut-il.

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