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Israël : Netanyahu veut couper les ailes aux ONG hostiles à la colonisation

Sous couvert de transparence, le Premier ministre israélien fait voter à la Knesset un projet de loi visant à contraindre les ONG israéliennes à révéler leurs financements par des gouvernements étrangers. Une manœuvre dénoncée comme une chasse aux sorcières contre des organisations de défense des droits de l’Homme et hostiles à la colonisation.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Yehuda Shaul, membre de l'ONG israélienne Breaking the silent, en visite le 10 février 2016 avec des parlementaires européens dans le village palestinien de Susya au sud d'Hébron, menacé de destruction par l'armée. (HAZEM BADER / AFP)

Par 50 voix contre 43 sur les 120 députés de la Knesset, le parlement israélien a voté dans la nuit du 10 février 2016 un projet de loi controversé visant à serrer la vis aux ONG israéliennes de gauche considérées par la droite dure comme une cinquième colonne dans le pays.
 
Initié par la ministre de la Justice, Ayelet Shaked, du parti nationaliste religieux Foyer Juif, le texte, soutenu par le gouvernement Netanyahu, prévoit de contraindre ces organisations de révéler leur financement quand il provient pour plus de la moitié de gouvernements étrangers.

Une loi pour délégitimer les voix discordantes en Israël 
Dans le collimateur de cette loi, les organisations réputées hostiles à la colonisation, pour la défense des droits de l’Homme et soutenues financièrement par des pays de l’Union européenne notamment.
 
Une tentative de délégitimer des mouvements comme La Paix maintenant, B’Tselem ou Breaking the silence (Briser le silence) qui recueille des témoignages de soldats israéliens sur les exactions de l’armée en territoires palestiniens. Elle épargne de fait les organisations de droite soutenant la colonisation et financées par des dons privés d’hommes d’affaires américains.
 
«C’est un tour de vis contre les voix discordantes, affirme la Paix Maintenant, un acte violent et discriminatoire désignant à la vindicte publique ceux qui critiquent le gouvernement.» Pour l’organisation pacifiste israélienne, «ce projet de loi évoque la situation en Russie et non celle en vigueur aux Etats-Unis ou dans n’importe quel pays démocratique».

Le texte a suscité une vague de critiques dans le monde 
Même si le Premier ministre a renoncé à une disposition prévoyant le port d’un badge spécifique par les membres de ces ONG se rendant à la Knesset, le projet de loi a suscité une vague de critiques dans le monde.
 
Les Etats-unis ont exprimé en janvier 2016 leur inquiétude via Dan Shapiro, leur ambassadeur en Israël, et l’Union européenne a fait part de ses réserves sur le texte à la ministre de la Justice.
 
Des critiques qui n’ont pas empêché les dirigeants des ONG concernées de recevoir des menaces de mort ou d’être harcelés jusqu’à leur domicile.
 
La préparation du texte s’est accompagnée en effet d’une campagne de diffamation et de dénigrement lancée depuis deux mois par l’extrême droite et les colons contre les membres de ces associations. Ils sont ouvertement accusés d’être des taupes de l’étranger et des complices des terroristes palestiniens.

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