Cet article date de plus de sept ans.

Israël : Donald Trump à l’épreuve des négociations avec Benjamin Netanyahu

Au poste de Premier ministre d’Israël depuis plus de sept ans, Benjamin Netanyahu a tenu tête à Barack Obama, durant ses deux mandats, sur la question des colonies considérées par Washington comme un obstacle au processus de paix avec les Palestiniens. Il s’apprête désormais à faire la même chose avec Donald Trump, réputé pourtant favorable à la colonisation.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min

Première mission exploratoire de l’administration Trump au Moyen-Orient et déjà premier blocage du gouvernement Netanyahu.
 
En tournée en Israël et en territoire palestinien pour examiner les moyens de relancer l’effort de paix, Jason Greenblatt, représentant spécial du président américain pour les négociations internationales, expérimente en personne les capacités de blocage du premier ministre israélien.

«Rétropédalage» de Trump rattrapé par les réalités après son investiture 
En prenant ses distances avec la solution à deux Etats, privilégiée jusque là par ses prédécesseurs, en affichant sa volonté de transférer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem et en s’entourant de conseillers favorables à la colonisation, Donald Trump se montrait en totale harmonie avec les choix de Benjamin Netanyahu.
 
Depuis son investiture en janvier 2017, il a été rattrapé par le sens des réalités. Craignant une flambée de violence incontrôlée en territoires palestiniens, il a «rétropédalé» sur le transfert de la représentation diplomatique et réfréné «pour quelques temps» l’empressement des Israéliens qui en avaient profité pour annoncer la construction de 6.000 nouveaux logements de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-est.
 
Sur fond de mort clinique du processus de paix et en l’absence de tout contact entre l’Etat hébreu et l’autorité palestinienne, la tâche de Jason Greenblatt ne s'annonce pas facile. Même s’il ne faut pas en attendre des résultats spectaculaires selon Washington, elle consiste pour le moment à mettre en place un mécanisme commun pour que la colonisation cesse d’être une pomme de discorde entre les deux parties, comme c’était le cas sous les deux mandats du président Obama.

Mahmoud Abbas invité à Washington, une reconnaissance de fait de l'autorité palestinienne 
Entre deux entretiens, dont un de cinq heures, avec Benjamin Netanyahu, le représentant de Donald Trump s’est rendu à Ramallah où il a rencontré pour la première fois le président Mahmoud Abbas. Ce dernier lui a réaffirmé son attachement à la solution à deux Etats.
 
«Un choix stratégique pour les Palestiniens», a dit Mahmoud Abbas à son interlocuteur, s’engageant «à empêcher la rhétorique enflammée et l’incitation» à la violence, et à «créer une atmosphère propice à la paix.»
 
Si cette visite constitue une reconnaissance de facto de l’Autorité palestinienne, dont le président a été invité à Washington par un coup de fil de Donald Trump en personne, elle ne lève pas les ambigüités de la nouvelle diplomatie américaine ni celle de la politique israélienne pour l’avenir.
 
«Créer la confiance entre Israéliens et Palestiniens constitue le premier pas, et le plus important, vers une solution possible», a indiqué le président israélien Reuven Rivlin à Jason Greenblatt, comme en écho à la volonté de Trump de parvenir à «une paix durable à travers des négociations directes» entre les deux parties.
 
Mais ce sont les déclarations du Premier ministre israélien qui sont plus inquiétantes. «Nous sommes au beau milieu d’un dialogue avec la Maison Blanche, avec l’intention de nous mettre d’accord sur une politique en ce qui concerne la construction de colonies», a dit Benjamin Netanyahu en ouverture du conseil des ministres.

Benjamin Netanyahu n'entend pas se laisser dicter sa politique par Washington 
«Nous mettre d’accord, cela veut dire : nous, pas seulement la partie américaine», a-t-il encore précisé, avant de recevoir pour la deuxième fois en quatre jours le représentant de Trump. Une manière de rassurer ses ultras sur le fait qu’il n’entend pas se laisser dicter sa politique par Washington.
 
Outre les logements annoncés, le gouvernement israélien avait en effet fait part de son intention de créer une nouvelle colonie pour reloger les habitants d’Amona, une implantation de Cisjordanie démolie en février 2017 sur décision de justice israélienne.
 
Or, Netanyahu tient à une telle colonie qui serait la première impulsée par le gouvernement depuis 20 ans, selon l’ONG israélienne La Paix Maintenant.
 
«Aux habitants d’Amona, je redis ceci : je vous ai promis de vous construire une nouvelle communauté et je tiendrai cet engagement», a dit Benjamin Netanyahu le 16 mars 2017. Un défi à Washington pour qui Israël ne dispose pas d’un chèque en blanc pour la colonisation.
 
 
 
 

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