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Guerre des Six-Jours: la colonisation israélienne en Cisjordanie a 50 ans

Après sa victoire éclair lors de la guerre de Six-Jours (5-10 juin 1967), Israël a multiplié par trois sa surface géographique. Depuis cette date, et malgré de nouveaux conflits (1973, 1982…) le pays occupe toujours certains territoires, même si le plus grand d’entre eux, le Sinaï, a été rendu à l’Egypte. Retour sur 50 ans de colonisation de la Cisjordanie, principal obstacle à toute paix.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Constructions en cours dans la colonie israélienne de Maale Adumim, en Cisjordanie. C'est là que le gouvernement vient d'annoncer la constructions de 560 nouveaux logements (photo prise le 4 juillet 2016). (THOMAS COEX / AFP)

A la suite de la Guerre des Six-Jours (5-10 juin 1967), au cours de laquelle l’armée israélienne défait la coalition arabe, Israël agrandit son territoire en occupant la bande de Gaza, le Sinaï, le Golan et la Cisjordanie (dont Jérusalem-Est et notamment la vieille ville). Après la guerre, la résolution 242 de l’ONU du 22 novembre 1967 exige le retrait des territoires occupés. 
 
Aujourd’hui, 50 ans après cette guerre, le Sinaï a été rendu à l’Egypte en 1982 après les accords de Camp David. En revanche, le Golan (Syrie) est toujours occupé et a été unilatéralement annexé par Israël en 1981. Quant aux territoires palestiniens, si la bande de Gaza a été abandonnée par Israël (sans que son statut international ne change), la Cisjordanie et Jérusalem-Est restent occupées par Israël.


1967
Dès le début de l’occupation, la question de l’avenir de la Cisjordanie se pose pour le pouvoir israélien. Ainsi que celle d’éventuelles colonies. Les travaillistes au pouvoir n'envisagent, alors, la colonisation que sous l’angle de la sécurité du pays. C’est le plan Allon (nom du général qui a mis en pratique cette théorie) qui prévoit des colonies le long du Jourdain (ressource en eau et frontière avec la Jordanie). Mais très vite, les nationalistes religieux font pression et obtiennent la création en 1968 de la colonie de Kiryat Arba (à l'est de Jérusalem) alors que celle de Kfar Etzion s'installe dès 1967.

1973
Après la guerre de 1973 (contre l’Egypte et la Syrie), la colonisation se développe, les travaillistes acceptant l’implantation dans les zones peuplées. La droite religieuse devient plus puissante. Elle est symbolisé par le Goush Emounim (Bloc de la foi), créé en 1974. Ce mouvement incite les Israéliens à venir s’installer en Cisjordanie, par devoir religieux. Le gouvernement, sous la pression de ces groupes, entérine la création de colonies. «Ainsi, le Goush Emounim établit une première implantation à Ofra, au nord de Ramallah en mai 1975, puis une seconde à Kfar Kaddoum, près de Naplouse en novembre 1975 », note le site Les clés du Moyen-Orient.

Carte des colonies avec l'arrivée de la droite à partir de 1977 (source, Les Clés du Moyen Orient).

1977
La droite arrive au pouvoir en 1977. On évoque de plus en plus l’idée d’un «grand Israël» et les colonies de peuplement se développent encore plus. Il existe alors 31 colonies qui comptent 4.400 habitants en dehors de Jérusalem-Est. En 1980, Israël annexe unilatéralement la partie Est de Jérusalem et la ville devient la «capitale une et indivisible» du pays. Décision condamnée par l'ONU et non reconnue internationalement.

1993
La montée en puissance de la résistance palestinienne et le début de l’Intifada finissent par déboucher sur les accords d’Oslo en 1993 qui reconnaissent l’Autorité palestinienne sur la Cisjordanie. Les accords débouchent sur sa division en trois zones.  
-La zone A (3% du territoire, 20% de la population cisjordanienne) comprend les principales villes palestiniennes, devant être évacuées par l’armée israélienne et passer sous le contrôle de l’Autorité palestinienne. Hébron fait l’objet d’un accord spécial qui prévoit le maintien partiel des Israéliens. 
- La zone B (27% du territoire, 70% de la population) englobe essentiellement les parties rurales. L’Autorité palestinienne y possède les pouvoirs civils et Israël les pouvoirs en matière de sécurité. 
- La zone C (70% du territoire, 10% de la population) reste sous contrôle israélien. Les Palestiniens y sont peu nombreux et la zone englobe l’essentiel des colonies israéliennes.

La colonisation à Jérusalem en 2000 (source «Le Monde Diplomatique») Sur cette même page d'autres cartes sur la colonisation. (Le Monde Diplomatique  Philippe Rekacewicz)


2000 
Le nombre des colons en Cisjordanie est passé de 112.000 en 1992 à 150.000 en 1995, auxquels il faut ajouter les 170.000 de Jérusalem-Est. En mai 1999, ce sont 180.000 colons qui résident dans les 123 implantations de Gaza et de Cisjordanie. Les négociations de Camp David, en juillet 2000, (ou Taba) tentent de définir de nouvelles frontières entre la Cisjordanie et Israël avec l’idée d’échanges de territoires (voir les cartes dans le tweet ci-dessous). Mais il n’y a pas d’accord, notamment à cause de l'absence d'entente sur le futur statut de Jérusalem. La deuxième intifada éclate cette même année et marque l'arrivée au pouvoir de Sharon en 2001. Ce dernier décide du retrait unilatéral des Israéliens de la bande de Gaza, effectif en 2005.


2010
Un rapport de B'Tselem (organisation israélienne de défense des droits de l'Homme), s'appuyant sur des sources gouvernementales, affirme que le nombre de colons approche le demi-million. Ces derniers occupent 42% du territoire de la Cisjordanie dans 121 colonies, une centaine de colonies «sauvages» (outposts) et les 12 faubourgs annexés par la municipalité de Jérusalem.

2015
On estime à 588.000 colons en Cisjordanie dont 205.220 à Jérusalem-Est fin de 2014, selon B'Tselem. «Le taux de croissance annuel pour la population des colons (à l'exclusion de Jérusalem-Est) en 2015 était plus de deux fois supérieur à celui de la population globale en Israël: 4,1% et 2%, respectivement. En outre, environ 25% de l'augmentation du nombre de colons a été le résultat d'une relocalisation par les Israéliens et de l'arrivée de nouveaux immigrants en Israël qui ont choisi de vivre là-bas», présise le dernier rapport de B'Tselem, qui donne la liste de 248 colonies.

Sur le plan politique, la situation ne change guère. Le rythme des implantations varie en fonction des changements politiques et des pressions américaines (quand il y en a). Résultat, les négociations sont totalement bloquées, ce qui ne semble pas gêner outre mesure Israël qui profite d'un environnement international favorable. 

Les colonies israéliennes en Cisjordanie en 2014 (la carte peut être agrandie sur Wikipedia  (ochaopt.org)

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