Miraculé de trois guerres, le seul piano à queue de Gaza sauvé par une ONG
L’ONG belge Music Fund qui soutient les musiciens dans les zones de guerre vient de sauver l’instrument pour la deuxième fois en envoyant sur place un accordeur de piano. Le piano miraculé a enfin rejoint le Conservatoire de musique de Gaza.
C’est un Yamaha noir, un peu quelconque, mais c’est la fierté de Khamis Abushaban, l’administrateur du Conservatoire de musique de Gaza. “C’est ‘le’ piano, le seul piano à queue de Gaza”, s’exclame ce dernier. Un rescapé sorti indemne des bombardements israéliens sur l’enclave palestinienne lors de la guerre de 2014. “L’endroit où il était a complètement été détruit et le piano a survécu et est resté intact au milieu des débris, c’est un miracle”, poursuit Khamis Abushaban.
"Si un piano n'est pas joué, il souffre"
Ce miraculé a été entièrement restauré de l’intérieur, puis remisé dans un entrepôt pendant trois longues années avant que des mélomanes de l’ONG Music Fund, qui envoie des instruments de musique et des techniciens en zones de guerre, ne décide de le sauver pour la seconde fois. "Nous l’avons sorti de l’endroit où il était, explique Lukas Pairon, le fondateur de l’ONG. Si tu mets une Rolls-Royce pendant des années dans un garage, elle perd très vite de sa valeur. C'est pareil pour un piano : s’il n’est pas joué, il souffre !"
220 cordes à retendre
A charge pour l’accordeur belge Geoffroy Gauhard de mener cette opération. "Je retends les cordes en tournant les chevilles, explique ce dernier. Il y en a 220 à retendre : c’est une grosse remise en forme… C’est génial qu’il soit encore là !" Dans une bande de Gaza gouvernée d’une main de fer par le Hamas, soumis à un blocus sévère et sans cesse au bord d’un nouveau conflit, la musique est vitale pour Sara, 19 ans. ”Il est magnifique, confie-t-elle, en faisant danser ses doigts sur le clavier. Il a un ton plus sombre que les autres. Par exemple, ça c’est un do majeur, et ça un si majeur : ça devrait être beaucoup plus joyeux ! Même les pianos sont triste, parfois, ici…”
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