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Gaza : "Personne n'est épargné, que ce soit les humanitaires comme la population civile", alerte un médecin humanitaire

"Comment c'est possible de demander à une population de se déplacer alors même qu'on continue à la bombarder ?", s'indigne Raphaël Pitti. "Arrivé à ce point-là, c'est un vrai génocide."
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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À Rafah, des habitants de l'enclave palestinienne constatent les dégâts causés par les bombardements israéliens. (MOHAMMED ABED / AFP)

Les bombardements israéliens sur le sud de la bande de Gaza s'intensifient mardi 5 décembre, si bien que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) lance l'alerte en comparant la situation dans l'enclave palestinienne à "l'enfer sur terre".

"Personne n'est épargné, que ce soit les humanitaires comme la population civile", confirme sur franceinfo Raphaël Pitti, spécialiste en médecine d'urgence dans les zones de guerre et responsable de formation à l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM). Un constat partagé par la présidente de MSF, qui indiquait que "du personnel de MSF demande à quitter la bande de Gaza, c'est assez nouveau".

franceinfo : Dans quelles conditions travaillent les humanitaires à Gaza ?

Rapahël Pitti : C'est impossible. On est dans une situation terrible. Personne n'est épargné, que ce soit les humanitaires comme la population civile. C'est dramatique ce qu'il s'est passé et ce qu'il se passe actuellement. On demande à une population de se déplacer vers le Sud où elle pense pouvoir être en sécurité. Elle se retrouve là maintenant totalement piégée dans le Sud. Rien n'avait été prévu d'ailleurs dans le Sud pour pouvoir accueillir cette population, aussi bien sur le plan sanitaire que sur le plan alimentaire et autres. [Les autorités israéliennes] avaient bien évidemment mis en place des secteurs, en demandant à la population de se déplacer d'un secteur à l'autre.

Mais comment fait-on pour se déplacer d'un secteur à l'autre alors qu'on n'a même pas de fuel, lorsqu'on est à pied, qu'on est dans des écoles, que l'on est hébergé dans des abris, etc. ? Comment c'est possible de demander à une population de se déplacer alors même qu'on ne lui laisse même pas le temps de se déplacer et qu'on continue à la bombarder ? Il faut voir un peu quelle est la situation... Elle est terrible ! Ce qu'ils font vivre à la population palestinienne est terrible. Arriver à ce point-là, c'est un vrai génocide.

Quelle est la réponse humanitaire possible, alors que l'ONU multiplie les alertes ?

D'abord, ils ne nous laissent pas rentrer pour aller renforcer nos équipes qui sont à l'intérieur. C'est impossible d'y pénétrer. Moi-même, je fais partie d'un groupe qui essaye déjà depuis un mois de pouvoir rentrer et nous n'y arriverons pas. Donc de notre côté, la seule chose qui soit très importante, c'est un cessez-le-feu immédiat. Et il me semble qu'au niveau de notre gouvernement, qui a pris une ligne humanitaire dans sa conduite politique, c'est de rappeler notre ambassadeur qui est en Israël, de lui demander de rentrer en France ou de rappeler l'ambassadeur israélien pour rendre des comptes de la situation humanitaire qui est faite à cette population.

Les appels à la prudence, à la retenue, ne suffisent plus ?

Pas du tout. Même le stock [de denrées, carburant et matériel humanitaires] qui avait été constitué par l'ONU, les Israéliens demandent à l'ONU de le déménager ! Comment peuvent-ils déménager en si peu de temps le stock humanitaire, alors qu'il faut plutôt le distribuer à cette population ? On est dans quelque chose qui est totalement inédit, qui n'a jamais été vu durant toutes ces dernières années.

"Nous assistons à quelque chose qui est inacceptable sur le plan humanitaire et c'est autant de crimes de guerre dont il faudra bien qu'Israël rende compte."

Raphaël Pitti, médecin humanitaire, responsable de formation à l’UOSSM

à franceinfo

Ce que disent les autorités israéliennes, c'est que c'est au Hamas de céder, de reprendre les libérations d'otages.

Il y a un problème, bien évidemment, entre le Hamas et Israël. Personne ne remet en cause le droit de se défendre de la part d'Israël. Personne ne remet en cause le fait qu'il faut absolument libérer des otages. C'est un crime de guerre que de retenir les otages. Mais au milieu, il y a d'autres personnes, il y a des milliers et des milliers de personnes qui sont pris au piège d'une guerre qui ne les concerne pas. Ils sont innocents et il faut épargner des vies. Et c'est ça vraiment qui est inacceptable : c'est qu'on ne prenne pas en compte cette population palestinienne qui, elle, est totalement innocente. Il y a déjà plus de 15 000 morts, il y a plus de 7 000 enfants qui ont été tués. Tout cela est inacceptable sur le plan humain et il faudra bien évidemment qu'à un moment donné, le Hamas et Israël répondent de tous leurs crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

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