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Gaza : la guerre sur internet et les réseaux sociaux

En lançant une nouvelle vague de raids sur la bande de Gaza le 14 novembre, l'armée israélienne a inauguré une nouvelle façon de communiquer, en jouant à fond la carte des réseaux sociaux pour informer de ses actions et objectifs. Le Hamas a tenté de suivre tandis que les arguments et les infos s'échangent à grande vitesse.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran sur le Tumblr de l'armée israélienne. (DR)

Tweets, mais également des vidéos sur YouTube, ainsi qu'une page Facebook et un Tumblr très régulièrement mis à jour : l'armée israélienne, qui maîtrise parfaitement sa communication en général et, là, les réseaux sociaux en particulier, n'a rien laissé au hasard dès le début de ses raids.


Le compte Twitter de l'armée israélienne @IDFSpokesperson (95.000 abonnés), qui existe aussi en français @Tsahal_IDF (4.200 abonnés), multiplie les tweets avec les hashtags (mots-clés) #IsraelUnderFire (Israël sous le feu) ou #PillarOfDefense (Pilier de défense) informant, pêle-mêle, de l'avancée des opérations, du nombre de roquettes tirées par le Hamas sur Israël, ou décrivant la caractère «terroriste» du Hamas.

C'est avec un tweet de trois mots qu'elle a revendiqué l'assassinat  du chef militaire du Hamas, avec la phrase «Ahmed Jaabari: éliminé» surmontant une photo de l'interessé, visage fermé sur fond rouge sang, barrée d'un «éliminé» imprimé à la manière d'un gros coup de tampon à côté d'un rappel des crimes qui lui sont imputés par Israël.
    


Cette photo, qui n'est pas sans rappeler les avis de recherche du Far West, a clairement été diffusée pour être retweetée à l'envi. L'armée israélienne joue à fond la viralité propre aux réseaux sociaux: il faut que l'information, ou la propagande, selon le point de vue, circule vite et que l'émotion joue à plein.

Un peu plus tôt, un tweet ─ retweeté près de 4.000 fois ─ avait même été spécialement rédigé à l'adresse du Hamas: «Nous recommandons qu'aucun membre du Hamas, qu'il soit simple militant ou haut dirigeant, ne mette le nez dehors dans les prochains jours.»

Le message israélien a entraîné une réponse d'@AlqassamBrigade (9.400 abonnés), le compte Twitter des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, qui a aussitôt accusé les Israéliens d'avoir ouvert «les portes de l'enfer sur eux-mêmes». Le compte Twitter palestinien reprend les mots des Américains du 11 septembre 2001, en utilisant le hashtag #gazaUnderattack
    

Sur ce compte, le Hamas communique également sur ses actions et affiche par ailleurs des photos insoutenables d'enfants victimes (mais à la provenance et à la date invérifiables). Mais tout cela sans avoir manifestement les mêmes moyens que les Israéliens sur les réseaux sociaux.

Dans une vidéo publiée sur Youtube, les brigades du Hamas revendiquent les tirs sur Israël


    
L'armée israélienne a de son côté fait très vite circuler la vidéo de la frappe aérienne qui a a tué Jaabari

Toujours sur  YouTube, l'armée israéienne a posté des vidéos «pédagogiques» expliquant pourquoi Israël «a le droit de se défendre»  ou comment elle entend éviter les victimes civiles lors de ses frappes contre les militants du Hamas à Gaza.
    
Par ailleurs, sur sa page Facebook (facebook.com/idfonline) et sur son Tumblr (plateforme de blog et de partage), Tsahal publie de nombreuses images dénonçant les «terroristes» du Hamas au moyen d'infographies ou de photos légendées. Avec l'ambition, toujours, que celles-ci soient partagées au  maximum par les internautes.
    
Difficile devant cette avalanche de tweets militants de repérer des messages plus informatifs comme ceux du correspondant de Francetélévisions en Israël, Charles Enderlin (12.130 abonnés)

Même chose pour les messages plus analytiques, comme celui d'Alain Gresh, directeur adjoint du monde diplomatique

 

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