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Cisjordanie : l'impossible permis de construire

Si les colons obtiennent généralement le feu vert au développement de leurs implantations en Cisjordanie, construire pour les Palestiniens c’est mission impossible. En 2014, Israël a délivré un seul permis de construire, selon l’ONG des droits de l’Homme israélienne, Bimkom qui a saisi la Cour suprême.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les débris d'une maison détruite par un bulldozer dans le camp palestinien al-Arroub au sud de la Cisjordanie. (Reuters/AmmarAwad)

A Deirat, dans le sud de la Cisjordanie occupée, de nombreuses familles palestiniennes vivent dans la hantise des bulldozers. Plus de la moitié des maisons de ce village ont été construites sans autorisation.
«Tous les jours, tu vois passer une jeep et tu te dis qu’ils viennent pour démolir ta maison», témoigne Mohammed al-Oumour, 59 ans, à l’AFP. Un autre Palestinien raconte que «tout habitant du village de plus de 45 ans a forcément eu une maison détruite, parfois deux, trois, quatre fois».

Ce village n’est pas une exception. Depuis la signature des accords d’Oslo sur l’autonomie en 1993, plus de 30.000 structures illégales ont étés rasées en Cisjordanie : des maisons, des routes, des cimetières ou même des panneaux solaires.


La construction sous contrôle
Israël, qui contrôle près des deux tiers des Territoires en Cisjordanie, sanctionne mais ne délivre pratiquement pas de permis de construire aux Palestiniens.
A peine une vingtaine par an, selon l’ONG israélienne Bimkom qui a fait le décompte sur les dix dernières années. «L’aménagement du territoire n’est pas vu comme un droit, mais comme quelque chose que le gouvernement israélien peut accorder ou retirer», explique Arik Asherman, président de l’organisation israélienne Rabbins des droits de l’Homme qui fait partie des quatre ONG qui ont saisi la Cour suprême pour mettre fin à cette discrimination. Selon l’ONU, moins de 1% de la zone C, sous contrôle total israélien, est réservé au développement de la construction pour les Palestiniens, contre 70% pour les colons.  

Un recours sans grand espoir
La Justice pourra-elle changer les choses?
Alors que le recours à la Cour suprême a été bénéfique pour les droits des Arabes israéliens, les résultats sont plus mitigés concernant ceux des Palestiniens dans les Territoires occupés. «Bien que dans certains cas la cour ait bloqué la confiscation de terres privées pour construire de nouvelles colonies, sur la plupart des questions cruciales, elle a confirmé la politique du gouvernement», souligne Meron Rapopport, journaliste et écrivain israélien.

Avant la guerre de 1967, des comités palestiniens de planification géraient les questions de construction. Interdits depuis plus de 40 ans, ils sont remplacés aujourd’hui par un organisme militaire dépendant du ministère israélien de la Défense. Faute de nouvelles décisions politiques, le cycle de construction-démolition n’est pas près de s’arrêter.

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