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Pakistan : la jeune chrétienne accusée de blasphème a "peur" d'être "tuée"

La jeune chrétienne pakistanaise libérée sous caution mais toujours accusée d'avoir profané le Coran a déclaré dans son premier entretien accordé à la chaîne américaine CNN avoir "peur" d'être "tuée". Actuellement dans une résidence sous haute protection, Rimsha Masih ne souhaite pas quitter le Pakistan.
Article rédigé par Mélody Piu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

En trois
semaines la jeune pakistanaise illettrée et âgé de 14 ans est passée du statut
d'inconnue à celle d'une criminelle qui a profané le Coran. Accusée par des
voisins d'avoir brulé des pages contenant des versets du Coran, Rimsha Masih
risque la prison à vie. Dans son premier entretien accordé par téléphone à la chaine d'information
américaine CNN,
 la
fillette est heureuse d'être de retour parmi sa famille mais elle a peur "que quelqu'un puisse nous tuer"   en parlant des extrémistes
religieux musulmans.  Toutefois, elle ne compte pas quitter le pays, "J'aime le Pakistan ", déclare Rimsha
Masih quelques jours après sa sortie de prison de Rawalpindi, près de la
capitale Islamabad. 

*"Nous respectons le Coran,

tout comme nous respectons la Bible* " (le père de Rimsha Masih)

Lors de
l'entretien téléphonique avec CNN, la fillette répond par des phrases très
courtes, souvent par "oui " ou par "non " d'une voix timide
et nerveuse. Cette jeune chrétienne pakistanaise a fermement nié qu'elle avait
brûlé les pages du Coran et qu'elle est faussement accusée.Toutefois, elle ne
sait pas ce qui s'est exactement passé le 16 août, le jour du "crime "
présumé. 

Selon CNN, le
père de Rimsha Masih, un peintre en
bâtiment qui ne gagne que quelques dollars par jour a affirmé que personne dans
sa famille n'oserait déshonorer le Coran."Nous respectons le Coran, tout
comme nous respectons la Bible
", déclare Mizrak Mashi. "Nous ne pouvons pas imaginer de
commettre un tel blasphème et encore moins le faire. Nos enfants ne ferais
jamais cela non plus.
" a t-il ajouté. 

Les craintes de la communauté chrétienne 

Des premiers
témoignages de la famille de Rimsha avaient déjà été recueillis mardi par la BBC  et relevaient l'intensité de la
violence auquel doit faire face cette famille chrétienne. Une dizaine de
personnes "sont entrés dans la maison pour s'emparer de ma fille, j'avais
peur qu'ils nous tuent
" confie la mère de la jeune fille. Ils
disaient:

"Nous allons vous brûler dans
la maison, nous n'allons pas vous épargner, vous ou vos enfants, et nous allons
brûler les maisons des autres chrétiens", ajoute son
père. 

Par crainte
d'un nouveau "Gorja ", un village pakistanais où de jeunes
musulmans radicaux avaient en 2009 brûlé sept chrétiens et brûlé 77 de leurs
maisons, de nombreux chrétiens ont préféré quitter le quartier de
Mehrabad. 

Le blasphème
est extrêmement sensible au Pakistan où 97% de la population sont des
musulmans. Insulter le prophète Mahomet est punissable de la peine de mort.
Selon plusieurs groupes des droits de l'homme tels que la Commission des droits
de Pakistan et Human Rights Watch ,
les lois sur le blasphème sont utilisées par le gouvernement pakistanais pour
régler des comptes et persécuter des minorités religieuses, dont notamment les
Ahamadis, qui font partis d'un mouvement réformiste musulman et considérés
comme des non-croyants par les sunnites, majoritaires au Pakistan. 

La famille de Rimsha Masih est aujourd'hui
sous haute protection du gouvernement dans un lieu gardé secret, pendant au
moins la durée de cette affaire qui retournera devant les tribunaux lorsque
l'enquête policière sera bouclée. Malgré plusieurs propositions d'asile par les
Etats-Unis, l'Italie ou le Canada, la fillette souhaite pour le moment rester
dans son pays. 

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