: Reportage Guerre en Ukraine : les soldats français "en première ligne" avec l'Otan en Roumanie pour "répondre à n'importe quelle menace"
A Cincu, un épais manteau neigeux recouvre les bords des rues. Cette petite localité roumaine a pris l'accent français ces dernières semaines. La France assure le commandement multinational d'un millier de soldats de l'Otan. Dans ce bataillon, il y a 700 Français. On croise un vieux monsieur, avec qui on échange quelques mots via une appli de traduction. La présence des Français ? "Good ! Good ! C'est très bien ! Amitié !"
On s'éloinge du village, au milieu des champs, au pied des Carpates. Il y a encore quelques mois, il n'y avait rien ici. Désormais, une base a été construite, des tentes et des préfabriqués ont été installés pour accueillir les soldats de l'Otan. On croise un blindé français. Treize chars Leclerc sont mobilisés à Cincu. "On croise des Belges, des Hollandais, et des Roumains, forcément, détaille le brigadier Jean Samuel, tireur sur un char Leclerc. Une fois qu'on est ensemble sur un véhicule de combat, la barrière de la langue se casse assez vite. On apprend à travailler avec eux."
"On communique en anglais, ou même simplement avec des gestes."
Le brigadier Jean-Samuelà franceinfo
Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'Otan a décidé de renforcer son flanc est afin d'éviter à tout prix une extension du conflit dans les pays frontaliers comme en Roumanie, pays membre de l'Alliance. Face à ce risque, apprendre à travailler ensemble avec une communication simple est donc déterminant. Apprendre à faire la guerre ensemble. "Je pense que l'Otan est faite pour ça, souligne le brigadier Jean-Samuel. Être unis et être capables de pouvoir répondre à n'importe quelle menace sur tous ces pays qui sont unis."
Se préparer au risque de guerre
A bord d'un véhicule militaire, direction le terrain d'entraînement. Chaque équipe est composée de plusieurs nationalités. "Pendant trois jours, nous allons manœuvrer et apprendre à travailler et à faire du combat", lance un officier, en français, en s'adressant aux soldats. Sur le terrain, les hommes suivent un parcours, courent dans la neige, puis doivent se coordonner pour tracter à mains nues un véhicule blindé, avant de rejoindre leur position sur le champ de tir. "Avec ce qui se passe à Cincu, la Roumanie a pris une place importante au sein de l'Otan", explique un officier roumain. Face à la menace russe, la Roumanie se considère aujourd'hui comme la première barrière. "On est en première ligne."
Ce sont des entraînements à des combats de haute intensité, face à une menace de plus en plus forte. "Par définition, une armée prépare toujours une guerre, rappelle le chef d'escadron Julien, chef du centre opération du Battle Group. Ici, on s'entraîne sur des engagements de plus grande ampleur avec des compagnies complètes de matériel tels que nos chars Leclerc. Par définition, une armée prépare toujours une guerre. Toute la difficulté de travailler en interallié, c'est que les procédures et les matériels divergent forcément d'un pays à l'autre. Il est nécessaire de s'entraîner en commun sur des lieux qu'on connaît peut-être un peu moins. Et c'est ce laboratoire-là qu'on exploite au maximum ici, à travers nos activités quotidiennes."
En cas d'agression contre un pays membre de l'Otan, le chef d'escadron l'assure, ses hommes sont "prêts". "Notre objectif : dissuader, sans peur, ni trépas."
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