C'est finalement sur unbilan mitigé que Pascal Lamy quittera ses fonctions de directeur général del'OMC, pour laisser les rênes au brésilien Roberto Azevedo. Il n'a pas réussi, tout au long de ces deux mandats – soit huit années -passés à la tête de l'institution, à convaincre les Etats membres de boucler lanégociation de Doha. Ce cycle de discussions, lancé en 2001, vise à réformer enprofondeur le système commercial en abolissant les barrières entre les pays.Mais les Etatsindustrialisés et les émergents n'arrivent pas à s'entendre sur les conditionsde cette réforme, laissant les pourparlers dans l'impasse. "Ca n'a pasété possible de faire la grande modification dont tout le monde rêvait il y aune dizaine d'années car le monde a incroyablement changé. Il y a dix ans, onétait encore dans une espèce de vieux monde où les riches étaient puissants etles pauvres faibles. On n'est plus dans ce monde, c'est beaucoup moins simple ",a expliqué François Lamy, invité ce mercredi soir de France Info."Ce n'est jamaisle directeur général qui décide " La crise économique et commerciale n'a pas incité la communautéinternationale à prendre le chemin des concessions, en raison de l'incertitudegénérale. Dans son rôle de chef d'orchestre, Pascal Lamy ne disposait pas des moyensd'imposer des solutions à des gouvernements déterminés à dire non. Et pourcause, le directeur général de l'OMC ne dispose d'aucun vrai pouvoir de décision :"Le DG de l'OMCdoit être neutre, parfois discret, pour être efficace. A partir du moment où l'onest dans cette position, il faut que les 160 membres de l'OMC puisse travailleravec le directeur général. Ca n'est jamais lui qui décide des règles ou de leurmise en œuvre". A son crédit il faut toutefoismettre une réussite majeure, celle d'avoir freiné, voire bloqué, les tendancesprotectionnistes qui se faisaient jour. Il a ainsi évité des dérapages pouvantencore aggraver la crise : "Sur les huit ans que j'aurai passés àl'OMC, j'aurai passé quatre ans de crise à renforcer de rôle de policed'assurance. Chacun sait qu'une vague protectionniste pendant cette crisel'aurait aggravé ", se défend-t-il.Certains commentateursimaginent déjà Pascal Lamy, 66 ans, au gouvernement suite à un remaniement. "Jeréfléchirai à tout cela à partir de septembre, mais pas avant ", assurel'homme politique, membre du Parti socialiste.