Nucléaire iranien : les discussions échouent à Genève
"Je n'ai aucune certitude qu'on puisse conclure à l'heure où je vous parle", déclarait Laurent Fabius samedi après-midi. Le chef de la diplomatie française avait vu juste : les ministres des Affaires étrangères de l'Iran et du groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Chine) se sont donc séparés sans être parvenus à s'entendre.
Un contre-temps qui ne les a pas empêché de faire état de "progrès ", et de repousser les prochains pourparlers à la date du 20 novembre. Il sera alors temps de trouver un accord sur le programme nucléaire iranien.
"Des négociations intenses"
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui disait craindre dans la journée un marché de dupes, a été le premier à annoncer l'absence de compromis au bout de trois journées de discussions intenses à Genève. Il a précisé qu'il restait "certaines questions à traiter ", même si la réunion a permis selon lui d'avancer.
"Nous avons eu des négociations intenses et notre objectif est de parvenir à une conclusion. C'est ce que nous nous efforcerons de réaliser quand nous reviendrons ", a enchaîné Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne. Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien, a lui parlé de "trois jours très productifs sur lequel nous pouvons nous appuyer ".
Le rôle de la France en question ?
A l'issue des négociations, une tendance est apparue sur le devant de la scène : celle du rôle de la France, dont l'intransigeance aurait été à l'origine du désaccord.
Interrogé sur le rôle joué par Laurent Fabius dans les pourparlers, Mohammad Javad Zarif a souhaité calmer le jeu. Le ministre iranien a jugé "naturel que des divergences de vues apparaissent lorsqu'on commence à entrer dans les détails et nous nous y attendions ".
"Je ne suis pas déçu du tout parce c'était une bonne réunion ", a-t-il poursuivi. "Je crois que nous sommes tous sur un même élan et c'est ce qui est important et nous donne l'impulsion pour progresser lorsque nous nous rencontrerons la prochaine fois ."
Les principaux points d'achoppement semblent porter sur la fermeture du réacteur iranien d'Arak, qui pourrait à terme contribuer à produire du combustible de qualité militaire, sur le sort du stock d'uranium fortement enrichi et sur la nature et le calendrier de l'allègement des sanctions économiques réclamé par Téhéran.
Israël sur ses gardes
Les négociations ont également été marquées par le rôle inattendu d'Israël. Benyamin Netanyahu et son ministre pour les Affaires stratégiques Yuval Steinitz auraient multiplié les entretiens téléphoniques avec des négociateurs à Genève pour les exhorter à ne pas signer d'accord avec l'Iran.
Considérée comme la seule puissance nucléaire de la région, Israël soupçonne l'Iran de chercher à obtenir l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil. "Nous allons mener, avant la reprise des négociations, une campagne aux Etats-Unis auprès de dizaines de membres du Congrès à qui j'expliquerai moi-même que la sécurité d'Israël est en jeu ", a affirmé le ministre de l'Economie Naftali Bennett.
A l'issue d'une rencontre tendue vendredi à Tel-Aviv avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait martelé que l'accord en discussion avec l'Iran, ennemi juré d'Israël, était "un très mauvais accord ".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.