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Nigeria : la vente des lycéennes est-elle crédible ?

Toujours aucune trace des quelque 200 lycéennes enlevées il y a maintenant trois semaines au Nigeria par Boko Haram. Dans une vidéo publiée en début de semaine, le leader de la secte islamique affirme qu'il allait "les vendre sur le marché au nom d'Allah". Faut-il prendre cette menace au sérieux ? Comment et où Boko Haram peut-il vendre ces jeunes femmes ?
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
  (Afolabi Sotunde Reuters)

Dans la vidéo publiée lundi, le leader de Boko Haram se présente devant un véhicule blindé et entouré par des hommes lourdement armés. Pour Philippe Hugon, directeur de recherche à l'Iris, ces images montrent la volonté de la secte islamiste de monter en puissance d'un point de vue militaire. Et dans ce cadre, les lycéennes enlevées il y a trois semaines peuvent effectivement devenir une source de financement. 

"Jusqu'à présent, Boko Haram n'a jamais utilisé la marchandisation des êtres humains. Cette nouvelle logique marchande peut passer par des mariages forcés ou la vente d'esclaves sexuels afin d'augmenter la capacité de nuisance de Boko Haram ", estime Philippe Hugon. 

Mais où vendre ces jeunes filles et à qui ? D'après , responsable de l'antenne nigériane d'Human Rights Watch, "i l y a des gens qui font du trafic au Nigeria mais ils ne prennent qu'une
personne à la fois et ils ne s'agit pas de vente. Les victimes font le voyage
avec eux vers les pays occidentaux en imaginant trouver un travail avant d'être
forcées à se prostituer. Mais il n'y a pas a proprement parler de marché
d'esclave au Nigeria
".

"Nous regardons vers le nord du Mali et la Mauritanie "

D'après les chiffres de l'Agence nationale pour la prohibition du trafic de personnes (NAPTIP), 407 cas de trafic d'êtres humains ont tout de même été constatés au Nigéria l'an dernier, dont 23,6% sur des affaires d'exploitation sexuelles à l'étranger. Mais le directeur du NAPTIP craint
surtout que les jeunes femmes soient effectivement vendues sur des marchés mais
dans des pays voisins du Nigeria.

"Nous regardons vers le Tchad, le nord du Cameroun ou le
Niger.. Mais nous regardons surtout vers le Mali et La Mauritanie. Le nord
du Mali est toujours sous l'influence d'Al Qaeda et pourrait acheter ces
filles. De son côté, la Mauritanie est réputée pour son marché d'esclaves et on
sait qu'il pratique encore aujourd'hui l'esclavage moderne
", affirme Arinze Orakwue.

De fait d'après un classement mondial réalisé par l'ONG
australienne Walk Free
, l'Afrique sub-saharienne concentre 16% des quelque 30
millions d'esclaves. Un classement mondial de 162 pays dominé par la Mauritanie
avec 140 à 160.000 personne vendues l'an dernier dans le pays à vers
l'étrangers.

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