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Najib Mikati a été nommé Premier ministre du Liban par le président libanais avec le soutien, notamment, du Hezbollah

Le changement de Premier ministre et la chute de Saad Hariri fait suite à un basculement des sunnites proches de Najib Mikati et des druzes de Walid Joumblatt vers le Hezbollah.Paris et Washington ont exprimé des réserves sur un gouvernement libanais issu d'une majorité comprenant le Hezbollah.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Najib Mikati en 2005 (AFP/DALATI & NOHRA)

Le changement de Premier ministre et la chute de Saad Hariri fait suite à un basculement des sunnites proches de Najib Mikati et des druzes de Walid Joumblatt vers le Hezbollah.

Paris et Washington ont exprimé des réserves sur un gouvernement libanais issu d'une majorité comprenant le Hezbollah.

Najib Mikati est un musulman sunnite, comme le requiert le système politique libanais, et a déjà exercé cette fonction en 2005.

Le Hezbollah, un mouvement considéré comme terroriste par les Etats-Unis, s'attend à ce qu'il soit mis en cause dans l'acte d'accusation du tribunal de l'Onu sur le meurtre de Rafic Hariri. Le mouvement avait tenté d'obtenir, sans succès, du Premier ministre sortant Saad Hariri de désavouer ce tribunal. Le 12 janvier, le Hezbollah a provoqué la chute du gouvernement Hariri.

Najib Mikati, ancien allié de Saad Hariri, est l'une des personnalités les plus riches au monde selon Forbes, qui estime sa fortune à 2,5 milliards de dollars.

La coalition de Saad Hariri avait le contrôle du Parlement, mais avec le groupe de Najib Mikati et celui du leader druze Walid Joumblatt se rangeant désormais au côté du Hezbollah, son camp a perdu de facto la majorité parlementaire.

"Journée de colère" organisée par les pro-Hariri
Dès que le nom de Najib Mikati, milliardaire et ancien Premier ministre, a émergé comme favori aux dépens de Saad Hariri, des centaines de partisans de ce dernier ont manifesté à travers le pays contre le Hezbollah dès lundi.

Appelant à "une journée de colère" mardi, des milliers de partisans de Saad Hariri se sont rassemblés dans les fiefs du Premier ministre en exercice où ils ont défilé. Les forces de sécurité, cherchant à éviter tout dérapage, se sont déployées dans la région de Tripoli, la grande ville du nord du Liban et fief sunnite où la majorité des écoles et des commerces ont été fermés. A Saïda, principale ville du sud, des partisans de Saad Hariri ont également manifesté.

Réactions
La France a appelé le nouveau Premier ministre libanais Najib Mikati à former son gouvernement "dans le cadre de la Constitution", par "le dialogue" et "à l'abri de toute ingérence" extérieure.

Un gouvernement libanais contrôlé par le Hezbollah aurait "clairement un impact" sur les liens entre ce pays et les Etats-Unis, a déclaré de son côté la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.

La crise politique depuis la chute du gouvernement

- 12 janvier 2011: le gouvernement de Saad Hariri s'effondre après la démission des ministres du Hezbollah et de ses alliés. La crise gouvernementale a éclaté après des mois de conflit entre le camp pro-Hariri, soutenu par Washington et Ryad, et celui du Hezbollah, soutenu par l'Iran et la Syrie, au sujet du tribunal de l'Onu chargé d'enquêter sur l'assassinat en 2005 du dirigeant libanais Rafic Hariri, père de Saad, dans lequel le Hezbollah s'attend à être mis en cause.

- 14 janvier 2011: de retour au Liban après une semaine de consultations internationales, Saad Hariri promet de collaborer "au maximum" avec le président Michel Sleimane.
- 15 janvier 2011: le président syrien Bachar al-Assad reçoit le leader druze libanais Walid Joumblatt à Damas.
- 16 janvier 2011: le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, assure que le mouvement chiite "se défendra" contre toute accusation l'impliquant dans l'assassinat de Rafic Hariri en février 2005.

- 17 janvier 2011: le procureur du Tribunal spécial pour le Liban dépose l'acte d'accusation confidentiel dans le cadre de l'enquête sur l'attentat contre Rafic Hariri.
- 18 janvier 2011: l'armée renforce sa présence à Beyrouth de crainte de violences après de brefs rassemblements de jeunes non armés dans les rues.
- 19 janvier 2011: l'Arabie saoudite annonce avoir abandonné ses efforts de médiation avec la Syrie et qualifie la situation de "dangereuse".

- 20 janvier 2011: la Turquie et le Qatar suspendent leur médiation. Saad Hariri confirme sa candidature pour un nouveau mandat. Il accuse, sans les nommer, le Hezbollah et ses alliés d'avoir bloqué toute solution et de vouloir l'"assassiner politiquement".

- 21 janvier 2011: Walid Joumblatt se range du côté du camp du Hezbollah. Il est reçu par Hassan Nasrallah, son leader.
- 23 janvier 2011: Hassan Nasrallah affirme que son parti souhaite voir la mise en place d'un gouvernement de "partenariat national", "avec la participation de toutes les parties". Dans la soirée, l'ancien dirigeant Najib Mikati présente sa candidature au poste de Premier ministre. Celle-ci est rejetée par le camp de Saad Hariri qui la qualifie de "trahison".

- 24 janvier 2011: le président libanais Michel Sleimane entame les consultations avec les groupes parlementaires pour nommer un nouveau Premier ministre. Le groupe de Najib Mikati et celui du leader druze Walid Joumblatt se rangent au côté du Hezbollah, le camp de Saad Hariri perd de facto la majorité parlementaire. Des milliers de partisans de Saad Hariri manifestent contre le Hezbollah, qu'ils accusent de mener un "coup d'Etat" en voulant imposer son candidat comme chef du gouvernement.

- 25 janvier 2011: la majorité des députés ont appuyé Najib Mikati. Nomination attendue du nouveau Premier ministre, en l'occurrence Najib Mikati. Nouvelles manifestations des partisans de Hariri.

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