Nairobi : qui est la mystérieuse "veuve blanche" ?
La "veuve blanche" fait-elle partie du commando
qui a attaqué un centre commercial de Nairobi au Kenya samedi ? Rien ne permet de l'affirmer
pour l'instant. Si le gouvernement kényan assure que tous les assaillants sont des
hommes, certains rescapés parlent d'une femme blanche qui semblait donner des ordres
aux autres. Certaines "sources officielles" assurent dans des médias
kényans que Samantha Lewthwaite a été tuée sur place alors qu'un compte Twitter présenté
comme celui des shebab affirme que la Britannique était bien présente lors de
l'attaque mais a quitté les lieux :
[Après ça, samantha lewthwaite alias sherafiyah nous a quittés
avant de partir saine et sauve, en 3 heures elle était partie loin en avion
pour une destination non révélée ]
Ce mystère sur la présence ou non de la Britannique de 29
ans dans le centre commercial de Nairobi est en tout cas à l'image de son
parcours : une succession de zones d'ombres et de fantasmes sur fond
d'islamisme radical.
La naissance de la "veuve blanche"
Fille d'un soldat britannique, Samantha Lewthwaite naît en Irlande
du Nord et passe son enfance à Aylesbury dans le Buckinghamshire. Elle se
convertit à l'Islam à l'âge de 17 ans. En 2004, elle se marie avec Jermaine
Lindsey, rencontré sur un forum Internet radical. Quelques mois plus tard, ce
dernier déclenche la bombe qu'il porte dans une station de métro de Londres.
Il fait partie des quatre kamikazes à l'origine des attentats du 7 juillet
2005 qui ont fait 52 morts et 700 blessés.
Le visage de Samantha Lewthwaite
apparaît alors pour la première fois sur les écrans. Enceinte de sept mois, elle déclare condamner "de tout son cœur " l'acte de son mari, auteur de
"destruction incompréhensible ". Puis elle disparaît quelques mois
plus tard avec ses enfants.
Nouvelle disparition
La deuxième fois qu'elle fait la Une des journaux
britanniques, c'est en fin d'année 2011. Samantha Lewthwaite a désormais un
surnom : la "veuve blanche ". La police kényane est à sa recherche pour un "projet de causer des dommages à des civils " avec "des engins
explosifs ". La jeune femme est suspectée d'avoir planifié avec son nouveau
compagnon, le Britannique Habib Ghani, une attaque contre un complexe
touristique à Mambasa et... une attaque contre un centre commercial de Nairobi.
*Le
- *Télégraph * affirme que les enquêteurs kényans ont retrouvé, dans deux appartements loués par la jeune femme, des munitions, de
l'argent, des armes et les mêmes éléments de fabrication de bombes utilisés
lors du quadruple attentat de Londres. Un troisième suspect est arrêté dans
cette affaire son procès est actuellement en cours) mais la "veuve
blanche" réussit à prendre la fuite.
La police kényane émet alors un
mandat d'arrêt au nom de Natalie Faye Webb, le nom qui figure sur un faux
passeport sud-africain que la jeune Britannique utiliserait. Malgré la mobilisation
des forces spéciales kényanes et l'envoi d'une équipe d'enquêteurs britanniques,
elle disparaît une nouvelle fois.
Depuis, son parcours n'est qu'une série de spéculations.
D'après Scotland Yard, cité à l'époque dans plusieurs médias, elle aurait
trouvé refuge auprès des shebab en Somalie. C'est d'ailleurs là-bas que son nouveau
compagnon aurait trouvé la mort en septembre dernier. Entre temps, le nom de
Samantha Lewthwaite refait surface à plusieurs reprises.
De la "veuve blanche" à "dada muzungu "
Lors du quart de finale de l'Euro 2012 entre l'Angleterre et
l'Allemagne, une grenade explose fait trois morts dans un bar de Mombasa.
Plusieurs témoins affirment avoir reconnu la jeune femme quelques minutes avant
l'attaque. Quelques semaines plus tard, le Sunday Times affirme que la police
britannique la soupçonne d'être impliquée dans un complot visant des hôtels de
luxe et la prestigieuse école d'Eton, en Angleterre. Enfin, d'après le Mirror ,
elle aurait également joué un rôle dans le projet d'attentat contre des
ambassades internationales l'été dernier au Yémen.
Samantha Lewthwaite devient surtout l'objet de fantasmes. Elle
est tour à tour présentée comme la trésorière d'Al-Qaïda dans la corne de
l'Afrique, la chef d'une escouade d'islamistes femmes ou encore à la tête du
recrutement de futurs combattants dans les camps d'entraînement pour les
jeunes candidats au djihad. Elle serait à la fois affiliée aux shebab somaliens
et aux leaders d'Al-Qaïda au Yémen. D'après le quotidien kényan Daily Nation ,
la Britannique a gagné un surnom parmi les islamistes : "Dada Muzungu ",
la sœur blanche en langue swahili.
En septembre 2012, le Daily Mirror affirme qu'elle est
l'auteur d'un poème publié sur Twitter. Que dit ce texte ? "Le djihad est
vivant au Kenya/Il est vivant en moi ", "Je pense que je vais me
préparer/Et acheter un gilet/Et je sais que je serai libre ".
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