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«Theeb», un western bédouin donne un cadre au désert de Lawrence d’Arabie

Pas courant de voir un film signé d’un réalisateur jordanien. Le film de Naji Abu Nowar, «Theeb», est tourné en Jordanie, dans les paysages uniques du désert, autour notamment de Wadi Rum, là où fut filmé le mythique «Lawrence d’Arabie». D’ailleurs, l’histoire de «Theeb» se passe à l’époque de Lawrence, en 1916.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Theeb, le jeune héros du film... Au loin le train ottoman, l"«âne d'acier» qui traverse le désert. (jour2fete)

Un western bédouin, plutôt un «eastern», puisque l'histoire de ce film se déroule sur les lieux de la révolte arabe, sans doute dans le Hedjaz, entre la future Jordanie et l'actuelle Arabie, en 1916. Mais ici on est loin de la stratégie, loin du Proche-Orient compliqué. 

C'est une histoire d'hommes – il n'y a pas une femme dans le film – qui se croisent, qui voyagent, qui se battent, qui tentent de survivre dans un univers grandiose et difficile.

Le film n’est pas politique et la guerre de l’indépendance arabe ne sert que de cadre lointain à l’histoire. C’est un western qui se déroule dans les sables jordaniens. Un western avec les codes du western. Une histoire de meurtre, de bandits. Mais ici, les chevaux sont remplacés par des dromadaires et l’eau est rare.

Le héros, Theeb, est un jeune bédouin de 10 ans. Il suit son frère qui doit amener en 1916 un officier anglais vers une destination inconnue sur la route de La Mecque. En cours de route, la petite troupe est attaquée par des bandits. S’en suit un tête-à-tête entre le jeune homme et un des voleurs, dans une nature grandiose faite de falaises immenses et de mers de sable, où la violence apparaît incongrue.


En arabe, Theeb veut dire loup (prononcer Theeb à l’anglaise). «Le loup est un animal très important dans la culture bédouine. Il s’agit d’une créature ambiguë, à la fois admirée et crainte, aussi bien amie qu’ennemie», explique le réalisateur Naji Abu Nowar, né au Royaume-Uni, qui signe là son premier long métrage. Avec un tel prénom, le jeune Theeb doit faire honneur à la volonté de son père… d’où le sous-titre du film La naissance d’un chef.
 
Le film est une vraie plongée dans le monde bédouin. Les habitants du désert ont d’ailleurs participé au tournage, comme acteurs, mais aussi comme habitants des lieux de tournage. «Tous les membres de l’équipe ont dû prendre connaissance des usages et des coutumes les plus importants de la culture bédouine», précise le cinéaste.
 
C’est sans doute cette immersion dans le désert auprès des bédouins qui donne son aspect réaliste au film entièrement tourné en extérieur. Les 1h40 plongent le spectateur dans la dureté et la poésie de l’univers désertique.

Derrière l’Histoire, le western
Le film offre une sorte de contre-plongée au film de David Lean qui héroïse la vie de Lawrence. Dans Theeb, l'Histoire fait son apparition avec l’officier anglais qui ne peut être qu’un collaborateur de Lawrence et avec les rails du train qui traverse le désert. Chemin de fer que les bédouins appellent «âne d’acier». Mais aussi avec le fort Turc qui marque la présence ottomane. Une attaque de train est aussi évoquée.
 
Theeb, c'est le moment où la petite histoire rencontre la grande.
 
Affiche du film Theeb (jour2fete)
Theeb
La naissance d'un chef,
un film jordanien de Naji Abu Nowar
Avec Jacid Eid, Hassan Mutlag, Hussein Salameh
Sortie en salle le 23 novembre 2016

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