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Réfugiés syriens : les pays du Golfe offrent des dollars mais pas l'asile
Depuis le début du conflit en Syrie en 2011, des millions de Syriens se sont réfugiés dans les pays voisins. Des dizaines de milliers ont été accueillis en Europe mais les portes des riches monarchies du Golfe restent fermées. Explications.
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Fin août, des activistes des droits de l’Homme arabes lancent un mouvement d’indignation sur les réseaux sociaux. Face au drame syrien, ils interpellent les pays du Golfe et leur demandent d’ouvrir leurs portes aux familles syriennes qui fuient leur pays. Deux hashtags circulent aussitôt sur Twitter et Facebook. #Accueillir_des-réfugiés_syriens-est-un-devoir ou #Accueillir-des-réfugiés-est-une-revendication-populaire.
La mort d’un enfant syrien dans un naufrage au large de la Turquie le 2 septembre 2015 a renforcé la colère et les messages se sont multipliés.
Dans une vidéo (en arabe) postée sur les réseaux sociaux, on voit un homme sur les lieux du naufrage accabler les dirigeants arabes.
Les pays du Golfe en première ligne
L’Arabie Saoudite, le Qatar, Oman, Bahreïn, Koweït et les Emirats arabes unis sont mis en accusation. Ces pays, dont certains font partie des plus riches au monde, n’ont accueilli aucun réfugié syrien, comme le souligne un rapport d’Amnesty International en décembre 2014.
«L'absence totale de promesses d'accueil émanant du Golfe est particulièrement honteuse. Les liens linguistiques et religieux devraient placer les Etats du Golfe Persique au premier rang des pays offrant l'asile aux réfugiés qui fuient la persécution et les crimes de guerre», a précisé Shérif Elsayed-Ali, responsable des droits des réfugiés et des migrants d'Amnesty International.
Pourquoi les portes sont closes?
Les pays du Golfe ne sont pas signataires de la Convention des refugiés de 1951 et n’ont aucun engagement dans ce sens. Encore moins aujourd’hui.
Dans un contexte régional très tendu, les régimes monarchiques se méfient de tout changement qui pourrait déstabiliser leur fragile équilibre. L’arrivée de réfugiés ayant fuient leur pays en raison d’une révolution fait craindre aux autorités l’importation d’idées qui contamineraitent leur propres population. «Lors du Printemps arabe, l’Arabie Saoudite avait réussi à contenir un mouvement de protestation réclamant plus de libertés, justice sociale et un Etat de Droits», explique le service arabe de la Deutsche Welle.
Pas d'asile mais des dollars
Les monarchies pétrolières gardent leur portes fermées aux réfugiés syriens mais ouvrent grand leurs portefeuilles. Depuis 2012, les Emirats arabes unis ont débloqués 538 millions de dollars pour les opérations humanitaires dans les pays d'accueil, selon l'agence Emirati WAM.
L'Arabie Saoudite et le Koweït sont également en tête des pays donateurs et ont débloqué des centaines de millions de dollars pour venir en aide aux réfugiés. Mais l'argent manque encore. Faute de moyens, le Programme alimentaire mondial a dû réduire cet été son assistance alimentaire aux réfugiés.
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