Cet article date de plus de huit ans.
Les Saoudiennes à l’université, un droit en trompe-l’œil
En Arabie Saoudite, la moitié des étudiants sont des étudiantes. Elles sont donc aussi diplômées que les hommes. Mais cette apparente égalité est trompeuse.
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Temps de lecture : 2min
Dans un pays où les femmes ont l’interdiction de conduire et de sortir seules, on pourrait penser que l’accès aux études est réservé aux hommes. Pourtant, près de la moitié des étudiants d’Arabie Saoudite sont des femmes. Elles étaient 49% en 2015 à fréquenter l'université, selon le ministère saoudien de l’Education.
Cette égalité hommes/femmes n'est pourtant qu'une illusion. Car dans les faits, la population féminine a peu accès au marché du travail: elles ne représentent que 20% des diplômés de l’enseignement supérieur sur le marché de l’emploi, toujours selon le ministère de l’Education saoudien.
Par ailleurs, seules les femmes qui ont reçu l’autorisation de leur tuteur (mari, père, frère) peuvent étudier...
Seulement 26% des Saoudiennes partent étudier à l’étranger, contre 74% de leurs camarades masculins.
«Les Saoudiennes ont beaucoup de mal à obtenir des bourses pour partir à l’étranger, explique Amélie Le Renard, sociologue et auteur de Femmes et espaces publics en Arabie Saoudite. Pour en décrocher, les étudiantes doivent être accompagnées par un homme de leur entourage, qui s’engage à partir avec elles.»
Quant à celles qui restent dans le pays, elles se voient privées de ses meilleures universités (comme celle de science politique), réservées aux hommes.
«Comme les campus sont non mixtes, reprend la spécialiste, énormément d’étudiantes s’orientent dans l’informatique, ce qui leur permet de travailler à distance.»
Quand elles peuvent exercer un métier, les femmes – qui ont l’interdiction de conduire – doivent se faire emmener sur le lieu de l'entreprise par un homme. Autant de difficultés qui montrent qu'en Arabie Saoudite, étudier ne permet pas forcément de s'émanciper.
Une tutelle contestée
Les Saoudiennes commencent à revendiquer plus de droits, doucement mais sûrement. A travers une campagne sur twitter, elles dénonçent l'asservissement des femmes dans leurs pays, à travers le hastag #StopEnslavingSaudiWomen.
“My crime is that I'm a Saudi woman": Meet the women tweeting for their freedom https://t.co/K9mhfBCvzi pic.twitter.com/5NjBuQIIFF
— CNN International (@cnni) September 16, 2016
L’ONG Human Rights Watch milite aussi pour le droit des Saoudiennes, et les soutient à travers cette vidéo:
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