La guerre du pétrole coûte 49 milliards de dollars à l’Arabie Saoudite
Chaque jour l’Arabie Saoudite, premier exportateur mondial, produit dix millions de barils de pétrole, un million et demi de mètres cubes. Un volume colossal qui explique en partie la chute des cours en 2014. Le prix est passé de 115 dollars le baril à 46 dollars en six mois.
Du coup les pays producteurs souffrent et voient leurs revenus fondre. En Arabie Saoudite, le pétrole représente 90% des revenus publics. En quatre mois, le royaume a enregistré un manque à gagner de 49 milliards de dollars.
Pour un pays lambda ce serait une catastrophe, pas pour l’Arabie Saoudite qui possède un trésor de guerre de 683 milliards de dollars. Un pactole accumulé en dix années de cours du pétrole à 110 dollars le baril. Pas de panique donc, même si le budget du pays enregistre désormais un déficit de 107 milliards de dollars, en raison d’une baisse de 40% des revenus pétroliers.
L’Arabie victime et … responsable
Le plus étonnant de l’affaire est que l’Arabie Saoudite est largement tenue pour responsable de cette baisse des prix. Car elle y trouve « in fine » son intérêt.
D’une part, ses concurrents dans les autres hydrocarbures comme l’huile de schiste sont fragilisés. La production n’étant plus rentable, l’extraction est purement stoppée.
Cette stratégie défend aussi des intérêts géostratégiques. Il s’agit d’affaiblir les voisins, et en particulier l’Iran, dont le retour en grâce, et le soutien à Damas, ne plait pas à Ryad. Au-delà, c’est même la Russie qui est visée pour l’aide apportée au régime du syrien Bachar al-Assad.
En décembre 2011, le journal Le Monde (article payant) affirmait que le Pentagone a affecté près de 770 milliards de dollars depuis mars 2003 à la guerre en Irak. Une somme qui s’ajoute au budget de l’armée.
La dépense par an a donc été de 96 milliard de dollars, à comparer aux 150 milliards de manque à gagner annuel de l’Arabie Saoudite.
On le voit, même quand on s’appelle Arabie Saoudite, le petit jeu pour étrangler financièrement les soutiens de Bachar Al-Assad ne peut pas durer trop longtemps.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.