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L'Arabie Saoudite en guerre ouverte contre l'Etat islamique

Une guerre ouverte oppose aujourd'hui la monarchie des Saoud aux groupes Etat islamique et al-Qaïda, bien implantés dans le pays, comme en témoignent les attentats commis ces derniers mois dans la péninsule. Après avoir été leur mentor idéologique et financier (durant la guerre en Afghanistan contre les Soviétiques), les religieux saoudiens lancent désormais des fatwas contre l’EI et al-Qaïda.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Attaque suicide contre une mosquée chiite de la ville de Dammam revendiquée par l'EI. (mai 2015) (AFP /photo STR)

 

Le ministère saoudien de l'Intérieur affirme avoir arrêté, le 30 avril 2017, 46 membres d'une cellule terroriste impliquée dans une attaque-suicide contre la mosquée de la ville de Médine en juillet 2016. Parmi eux, de nombreux Saoudiens, mais aussi des Pakistanais, Yéménites, Afghans, Egyptiens, Jordaniens et Soudanais.

Ces derniers mois, le pays a été le théâtre de plusieurs attentats meurtriers revendiqués par l'EI. En mai 2016, 20 Saoudiens ont péri dans deux attaques visant des mosquées dans l'est du royaume. Début août, un attentat-suicide perpétré dans le QG des forces spéciales de la ville d'Abha a fait 15 morts dont 11 policiers.

Le ministère saoudien de l'Intérieur avait à l'époque procédé à l'arrestation de 431 membres présumés de l'organisation Etat islamique. Parmi eux figuraient 144 personnes accusées de soutenir le réseau en «propageant l'idéologie déviante sur Internet et recrutant de nouveaux membres», 97 autres impliquées dans des attaques contre des mosquées chiites dans l'est du royaume et 190 individus soupçonnés de planifier de nouveaux attentats contre les forces de sécurité.

Enfants du régime
Le groupe aurait également visé l'ambassade des Etats-Unis et les consulats américains. En juillet 2015, un jeune Saoudien de 19 ans avait tué son oncle, un colonel de l'armée, avant de se faire exploser dans un attentat à la voiture piégée à Ryad, près de la prison hautement sécurisée al-Hair, où sont enfermés des centaines d'islamistes. Une attaque revendiquée par l'EI.

Le groupe djihadiste avait alors indiqué «qu'il ne ménagera pas ses efforts pour libérer les musulmans d'al-Hair et d'ailleurs».

Dès février 2014, les autorités saoudiennes ont durci leur politique à l'égard des extrémistes en adoptant une loi contre le terrorisme. Depuis, Ryad a multiplié les arrestations d'extrémistes sunnites.

Al-Qaïda versus EI
N'oublions pas que les Saoudiens ont combattu au côté des Afghans contre les Soviétiques et que de nombreux Saoudiens sont impliqués sur les différents terrains du djihad: Egypte, Yémen, Somalie, Syrie...

Personne n'a oublié que le commando qui avait déclaré la guerre à l'Amérique en lançant deux avions de ligne sur les Twin Towers était essentiellement saoudien.
L'obscurantisme religieux des ouléma wahhabites a fait des dégâts dans la mentalité saoudiene et dans un pays demeuré très féodal.

L’EI et al-Qaïda sont les héritiers de cette vision qui rêve d’une victoire totale de l’islam et à l’instauration d’un califat mondial.
D’après les services de renseignement américains, une partie des institutions du royaume, et même l’armée, seraient influencées par les idées de l’EI.

Sortir de l'obscurantisme
Il est vrai que la conception saoudienne du pouvoir et de la charia ne diffère que très peu de celle de l’EI. Les coups de fouet et la décapitation sous les yeux de la foule sont une pratique courante en Arabie saoudite. On admet des exécutions de mineurs et de malade mentaux.

Un basculement d’une partie de la population (et de l’armée) en faveur de l’EI serait un cataclysme géopolitique pouvant embraser tout le Moyen-Orient.

Après avoir sécrété ses propres ennemis de l’intérieur, la monarchie saoudienne au pouvoir semble contrainte à faire évoluer son idéologie wahhabite vers une conception moins obscurantiste de l’islam.

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