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Irak : une tranchée controversée divise Kurdes et Turkmènes

Les Kurdes irakiens ont lancé la construction d’une tranchée longue de mille kilomètres dans le nord du pays où est implanté Daech. Officiellement, il s’agit de se protéger contre les attaques des djihadsites. Mais la minorité turkmène y voit une volonté d’expansion et trouve le tracé suspect.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Des combattants kurdes peshmergas surveillent la tranchée au sud de la ville multiethnique de Kirkouk, en Irak, le 11 janvier 2016. ( AFP/ MARWAN IBRAHIM )

 
Alors que la situation est très compliquée en Irak avec les divisions entre chiites et sunnites, la tension monte entre les ethnies rivales kurdes et turkmènes.
En cause : la construction d’une tranchée traversant le pays d’Ouest en Est dans des zones où vivent les deux minorités. Les Turkmènes se sentent menacés par les Kurdes et les soupçonnent de vouloir prendre possession de leurs terres.  
«Nous voyons cette tranchée comme le début de la division de l’Irak. Elle serait la concrétisation sur le terrain d’une carte géopolitique redessinée», a déclaré à l’AFP le chef du parti Front turkmène, Archad al-Salehi, qui s’insurge contre le projet kurde.
 
Défense ou expansion ?
Le gouvernement de la région autonome du Kurdistan irakien, qui s’étend dans le nord de l’Irak, reconnaît avoir renforcé récemment ses défenses contre Daech mais nie tout projet politique. «La tranchée ne sera pas construite partout… Les responsables militaires décideront de son tracé», précise Jabar Yawar porte-parole des combattants kurdes.

Les travaux de creusement ont débuté près de Kirkouk, une ville située dans une riche région pétrolière revendiquée par les Kurdes et qui compte une forte présence turkmène.
 
Rivalités ethniques
Les Turkmènes ou Turcomans sont issus d’un peuple turcophone descendant des nomades Oghouzes. Ils seraient près de trois millions à vivre dans le nord de l’Irak et sont présents aussi en Syrie, en Iran et en Afghanistan.

Les relations entre Turkmènes et Kurdes sont marquées par des rivalités historiques qui se sont exacerbées depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Les Kurdes sont accusés de profiter du chaos irakien pour renforcer leur présence dans le nord du pays et d'étendre leur zones d'influence.

La ligne entre les forces des peshmergas kurdes et le groupe Etat islamique traverse les terres ancestrales des Turkmènes, qui s'étendent de la Syrie à l'Iran, comme le précise le site Middle east Eye. 

Les combattants kurdes qui ont vaincu Daech sont aujourd’hui présents au-delà de la frontière du Kurdistan et la construction d'une tranchée leur permettrait, selon les Turkmènes, de s'approprier de nouveaux territoires. 

Le nord de l'Irak où se trouve la région autonome du Kurdistan irakien et la province multiethnique de Kirkouk (Capture d'écran d'une carte google )

 
 

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